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Publié le 17 Juin 2024

En 1942, deux personnages issus du grand monde de l'alpinisme deviennent des acteurs de premier ordre dans la résistance à l'occupation nazie en région grenobloise. Pierre Dalloz, depuis son repère de Sassenage et Alain le Ray en tant que chez des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), organisent des actions considérées comme terroristes par l'ennemi et causent de nombreuses pertes, notamment lors d'embuscades dans le Vercors.

De tout temps, l'homme a résisté pour deux grandes raisons. Repousser la mort qui demeure inévitable et donne tout son sens à la vie et, en parallèle, faire que la vie qui du coup n'est que provisoire, soit la moins difficile ou la plus agréable possible. Chacun résiste à son échelle, à ses problèmes. Parfois, la solution réside non pas dans la recherche d'un retour en arrière mais dans une adaptation.

La nature s'organise elle-aussi ; elle tente de s'adapter au rapide changement climatique. Il a déjà fait bien plus chaud sur terre mais, sans cataclysme brutal, pas aussi rapidement qu'aujourd'hui. La planète s'en remettra. Mais pour nous, cela va passer par des adaptations plus ou moins difficiles.

Depuis les années 80, le réchauffement est perceptible, notamment avec le recul constant des glaciers. Les années "répit" sont rares : en trente ans, les années favorables à la temporisation se comptent sur à peine plus que les doigts de la main :  1994, 1995, 1997, 2001, puis 2013, 2014 et 2021 pour le massif des Ecrins par exemple. Sans entrer dans des détails (je ne suis pas spécialiste de la question) précis, il faut s'intéresser à ce qui se passe en altitude, disons, au-dessus de 2500 mètres.

Les glaciers offrent une réserve d'eau permanente. Dès l'automne, normalement, ils s'enneigent et le restent jusqu'au début de l'été. La neige de l'hiver fond peu à peu à partir du printemps et à un moment, le glacier est "à nu", c'est-à-dire que la neige (ou la glace) de surface, n'est plus celle de l'hiver précédent. A partir de là, il est "attaqué". La partie basse davantage évidemment. Son lent mais certain écoulement vers l'aval a pour conséquence un équilibre lorsque les températures sont stationnaires d'une année à l'autre, ce qui n'arrive évidemment jamais, d'où des fluctuations plus ou moins importantes.

Au-dessus de 2500 mètres, la fonte se fait sur la période estivale. Pour faire court, à partir de début juillet. Ce sont donc les mois de juillet et d'août qui sont les plus critiques même si septembre peut aggraver la chose comme l'année dernière. Deux mois. Cela paraît peu mais c'est énorme. C'est pourquoi je trouve intéressant de s'intéresser à la date à laquelle le sol enneigé de l'hiver passe au sec. Nous disposons pour cela de plusieurs outils dont les balises Nivôse Météo-France.

Près de chez moi, la balise de l'Aigleton est sur une des stations les mieux enneigées de France à cette altitude (2250 m). Je note précieusement chaque année la date à laquelle elle passe à zéro, de même que pour celle de Bonnepierre, Sept-cents mètres plus haut dans le massif des Ecrins. Le tableau ci-dessous indique la date de la fonte totale de la neige au niveau de la balise, puis la date moyenne, l'écart-type et le classement.

Résistance

On y observe quelques divergences selon les saisons étant donnée la différence d'altitude (cette année est excellente en haute montagne et très mauvaise en moyenne par exemple). Avec un écart-type de 13 jours, l'Aigleton nous apprend que deux semaines d'avance annoncent une catastrophe. Cette année, avec deux semaines de retard (la date mentionnée est supposée puisque la neige n'a pas encore totalement fondue - 3e rang probable sur 20 ans, pas mal du tout), on a donc gagné près d'un mois sur les mauvaises années (2022, 2020, 2017, 2011...) ce qui est une excellente nouvelle.

Pour les glaciers, la balise de Bonnepierre accuse encore 280 cm au sol. Sur trente ans, il y a près d'une dizaine d'années durant lesquelles à la date actuelle, elle était déjà pas loin d'être proche de zéro. Le cru d'altitude s'annonce donc encore meilleur. Il est difficile de faire des projections mais il apparaît impossible qu'à la date (moyenne sur trente ans) du 11 juillet, il n'y ait plus de neige à Bonnepierre (ce qui correspondrait à une fonte moyenne de 13 cm par jour), d'autant qu'on n'annonce pas de températures caniculaires pour les deux semaines à venir.

Avec un scénario pessimiste d'une perte de 10 cm par jour, cela tiendrait jusqu'au alentours du 20 juillet, plaçant 2024 dans les dix meilleures années. Et avec -7 cm/jour, on tiendrait jusqu'au mois d'août. Maintenant, tout est possible, y compris une nouvelle canicule historique à partir de début juillet. Mais en tous cas, à l'heure actuelle, sans être exceptionnelle, l'année 2024 marque pour l'instant une petite résistance contre la courbe entamée ces dernières années.

Lac Blanc de Freydane (Belledonne) ce 16 juin avec Emie et Stella. Neige omniprésente à partir de 2200 mètres d'altitude. Des conditions que nous voyons habituellement fin mai ou début juin. A noter quand même qu'en 2013, on observait le même enneigement autour du 10 juillet...

Lac Blanc de Freydane (Belledonne) ce 16 juin avec Emie et Stella. Neige omniprésente à partir de 2200 mètres d'altitude. Des conditions que nous voyons habituellement fin mai ou début juin. A noter quand même qu'en 2013, on observait le même enneigement autour du 10 juillet...

Cette neige bien présente en montagne repousse quelques uns de nos projets verticaux mais ne nous plaignons pas. En attendant, avec Hervé et Gérald, nous sommes allés ajouter trois longueurs (50 ; 30 et 45 m) à la suite de "la folie des grandeurs" dans les aiguilles de l'Argentière (tête des Cos). Pour trouver la suite, du sommet de la "folie", traverser à gauche sur la vire à bouquetins (comme pour prendre la voie de descente à pied), horizontalement sur 20 mètres pour trouver une plaquette à cordelette orange. La suite commence ici par une grande longueur facile complètement en traversée à gauche afin de rejoindre la vire supérieure sous un ressaut d'une petite centaine de mètres en excellent gneiss. On sort dans les banquettes supérieures totalement enneigées actuellement. Descente possible en deux rappels puis marche ou par la droite sur un système de vires (une plaquette avec maillon pour un petit rappel éventuel).

Compte tenu de l'actualité et de la résistance qu'il va falloir mettre en place dans d'autres domaines, nous nous sommes amusés, bien que ce soit tout sauf marrant, à nommer cette petite voie "ça va barder là". Bonne grimpe !

Résistance
Résistance
Résistance
Le tracé en attendant mieux. La voie est équipée de 29 goujons de 10 inox Petzl. Merci à mon entreprise préférée de soutenir l'équipement et le rééquipement en Belledonne. Coinceurs inutiles.

Le tracé en attendant mieux. La voie est équipée de 29 goujons de 10 inox Petzl. Merci à mon entreprise préférée de soutenir l'équipement et le rééquipement en Belledonne. Coinceurs inutiles.

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi, #nivo-météo

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Publié le 7 Juin 2024

Nous voici entrés dans l'été météorologique ; c'est le moment de faire le bilan de cet hiver 2024 plutôt atypique. Sans entrer dans les détails, voici les grandes lignes de cet hiver.

- Un enneigement minimal en moyenne montagne. Moins pire que l'année précédente durant laquelle je n'avais pas du tout skié en Chartreuse mais des redoux plus nombreux ayant eu raison dès fin janvier de la neige tombée en basse montagne durant le mois.

- Une pluviométrie excédentaire : déjà + 6% sur la moyenne de la saison glissante et il manque encore trois mois...

- Un printemps remarquablement frais et humide. Ce qui n'est pas sans rappeler 2013 et 2001. En 2001 et 2013, l'excédent était tel qu'on skiait encore à 1800 m à la fin juin dans les Ecrins et en Belledonne. Cependant, en altitude (disons, à partir de 2200-2500 m selon les massifs), 2024 se hisse parmi les meilleures années (probablement dans le top 5) de ces trente dernières années.

En fouillant dans les archives, on note les hauteurs de neige suivantes au 7 juin :
- Aigleton 2240 m (Belledonne) : 2013 = 250 cm ; 2024 = 120 cm (pas de relevé pour 2001)
- Bonnepierre 2970 m (Ecrins) : 2001 = 380 cm ; 2013 = 2024 = 340 cm

Sur un autre critère, cette même balise de Bonnepierre n'est passée à zéro que trois fois durant les trente dernières années : 2001 (19 août) ; 2013 (7 août) ; 1994 (5 août)

Il en ressort bien que 2024 est un excellent cru pour la neige en haute montagne (au-dessus de 2300 m) ; un hiver normal entre 1800 et 2000 m et déficitaire en-dessous. Atypique on vous dit.

A noter une autre évolution entre 2001 et 2024. A l'époque (2000-2006), avec un niveau de ski plus limité, du matériel plus lourd et moins performant et des informations beaucoup plus parcellaires, nous skiions prudemment les couloirs mythiques des années 70-80 (Infernet, Sabre, Bérarde...) et passions pour des illuminés malgré nos virages sautés parfois peu esthétiques. Et quand nous en faisions deux dans la journée c'était un petit exploit. Aujourd'hui, quand elles sont en conditions, des dizaines de skieurs les dévalent à coup de grandes courbes. Et là où nos yeux ne se posaient même pas (Ailefroides...), et c'est pas faute de les avoir eu grands ouverts et d'avoir réalisé des topos, ça skie aujourd'hui de manière fort élégante.

Dix ans plus tard soit à la fin de la première décade des années 2010, nous considérions les enchaînements à la journée des regrettés Nicolas Wirsching et Stéphane Brosse (plusieurs fois 3 à 4 couloirs en 5.1-5.3 pour 4000 de dénivelé) comme les plus belles réalisations. C'était l'avenir du ski de pente.

Aujourd'hui, nous en sommes totalement convaincus avec le mois de mai remarquable du duo Jean-Védrines, totalisant parfois jusqu'à 6000 mètres de dénivelé dont plus de la moitié de pentes raides. L'apothéose sur la Meije :
- Agneaux par les 5 faces (Davin 4.3/Est 5.2/Sud 4.3/Directe 5.2/Calotte 5.1) (au mois de février)
- Epéna nord à vue (première répétition 5.4-5.5)
- Trilogie du Diable (pic Maître 5.4/Diable 5.4/Ange 5.4)
- Pic Sans Nom nord (5.5) + Ailefroide centrale (5.4-5.5)
- Ailefroide orientale nord (5.5)
- Ailefroide voie des Plaques (5.5)
- 4 faces à la Meije (Z 5.4/Gravelotte 5.4-5.5/Corridors 5.3-5.4/Orientale nord 5.3)
Sans compter que le jeune guide l'Ubaye Nicolas Jean a aussi "sévi" dans sa vallée tout au long de l'hiver, parfois en compagnie du très discret Julien Savy : au moins une douzaine d'ouvertures dans le 5 et autant de répétitions. Quelle saison !!!!

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Rédigé par lta38

Publié dans #nivo-météo, #ski-glisse

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Publié le 7 Mai 2024

"En avril, ne te découvre pas d'un fil ; en mai, fais ce qu'il te plaît !" Un dicton maintes fois entendu et signifiant qu'il ne faut pas crier trop tôt au printemps car au mois d'avril, la météo est régulièrement fraîche et perturbée tandis qu'en mai, elle devient clémente et déjà chaude.

De mémoire, même s'il faut se méfier des souvenirs sans note, c'était bien le cas auparavant. En fouillant dans les archives, je relève pas mal de mois d'avril perturbés : 1992, 1995, 1999, 2000, 2001, 2005, 2010... et très rarement des mois de mai. Dans "La météo de montagne" aux édition Seuil, Jean-Jacques Thillet le confirme en précisant que "les flux de nord-ouest sont surtout fréquents, une année normale, en mars-avril". Car ce sont bien ces flux-là qui apportent conjointement précipitations et fraîcheur sur les Alpes du nord.

Le climat peut-il changer aussi rapidement ? Car en regardant dans le rétroviseur, on constate que les derniers mois d'avril ont plutôt été sympas, a contrario des mois de mai ! Une inversion au regard du dicton constatée en 2013, 2014, 2017, 2021, 2022, 2023 et maintenant 2024 ! Le plus beau printemps aura finalement été... 2020, quand nous étions tous interdits de sorties (dans la nature) pour des raisons discutables mais ça, c'est un autre débat.

La lune "posée" sur le Grand Pic encore bien blanc en ce printemps.

La lune "posée" sur le Grand Pic encore bien blanc en ce printemps.

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Rédigé par lta38

Publié dans #nivo-météo

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Publié le 7 Décembre 2023

La saison dernière, je n'ai pas mis les pieds en Chartreuse faute d'un enneigement très déficitaires et de rares journées durant lesquelles ce massif était fréquentable skis aux pieds, et de manière nettement moins intéressante que son voisin d'en-face deux mille mètres plus haut. Une première depuis mon retour sur l'Isère durant l'hiver 2004 et même un peu avant puisque je venais chaque hiver y faire une ou deux sorties avec les copains grenoblois.

Cette année, les conditions restent déficitaires en-dessous de 1500 mètres mais il va falloir s'y habituer. Et on est qu'à la mi-décembre ; certaines saisons, y compris il y a trente ans, la neige n'était encore pas présente. Cette année, elle l'est un peu et au-dessus de 2000-2200 mètres selon les massifs des Alpes du nord, l'enneigement est même (très excédentaire). Sur mon pluvio, je relève presque 600 mm d'eau dans la vallée du Grésivaudan entre fin octobre et aujourd'hui soit 60% de ce qu'il tombe en moyenne dans l'année, en l'espace de sept semaines !!! A Vallorcine en Haute-Savoie, on a dépassé les 1000 mm de précipitations durant le même laps de temps ce qui correspond grosso modo à la même proportion. Des précipitations record depuis... ??? Même en 2001, hiver auquel ressemble à s'y méprendre le début de 2024, on devait être un peu-dessous sur les Ecrins. Mais 2001 avait été arrosé jusqu'en mai. Pas certain qu'une telle intensité se poursuive. Nous verrons bien.

La bonne nouvelle, c'est qu'en altitude, là où tout est tombé sous formée neige, on peut tabler jusqu'à dix mètres de neige aux endroits les plus arrosés (Mont-Blanc)... Pour notre Chartreuse, qui culmine péniblement à 2000 mètres d'altitude et mal placée à l'ouest, prenant de plein fouet les trois coups de redoux depuis début novembre, ce n'est pas encore la panacée. Il n'empêche que ce jeudi, j'ai pu skier la Dent de Crolles dans des conditions tout à fait correctes, avec juste un mini déchaussage pour franchir le point le plus raide, très rocheux, et quelques mini touchettes dans le pas de l'Oeille. Un retour pour moi sur ce sommet que je n'avais pas skié depuis février 2022 !

Enfin, la Dent !
Enfin, la Dent !
Enfin, la Dent !

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Rédigé par lta38

Publié dans #Chartreuse, #ski-glisse, #nivo-météo

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Publié le 25 Novembre 2023

L'automne, c'est la diminution de la longueur du jour, le passage de l'équinoxe, les mers de nuages, la coloration puis la chute des feuilles.

Cette année, encore plus que les précédentes, tout est décalé. Pas la diminution des jours ; pas le passage à l'équinoxe puisque ce sont des données dues à la rotation de la terre. Mais le reste... Très peu de mers de nuages et pour cause : un anticyclone régnant en maître avec des températures quasi estivales jusque fin octobre. Quant aux feuilles, pour ne donner qu'un seul exemple, les hêtres n'auront viré qu'à la mi-novembre alors qu'en temps "normal" (mais qu'est-ce que la normalité en 2023 ?), c'est à la mi-octobre ! Presque un mois de retard. De ma petite mémoire, je n'avais jamais noté une telle date.

Après des chutes de neige dès le début novembre, retour au sec suite à des pluies à haute altitude et reprise des baskets pour profiter de ces couleurs et garder le contact avec la nature.

Les balcons de Belledonne à l'honneur
Les balcons de Belledonne à l'honneur

Les balcons de Belledonne à l'honneur

Discrète chevêchette

Discrète chevêchette

Hêtraie de Belledonne

Hêtraie de Belledonne

La muraille du Ferrouillet

La muraille du Ferrouillet

Escalade à l'aiguille de Quaix avec Emie (Chartreuse)
Escalade à l'aiguille de Quaix avec Emie (Chartreuse)
Escalade à l'aiguille de Quaix avec Emie (Chartreuse)
Escalade à l'aiguille de Quaix avec Emie (Chartreuse)

Escalade à l'aiguille de Quaix avec Emie (Chartreuse)

Dent de Crolles et sa vire est. Terrain très glissant c jour, mais magnifique
Dent de Crolles et sa vire est. Terrain très glissant c jour, mais magnifique
Dent de Crolles et sa vire est. Terrain très glissant c jour, mais magnifique

Dent de Crolles et sa vire est. Terrain très glissant c jour, mais magnifique

Fin de journée à la Sitre (Belledonne)
Fin de journée à la Sitre (Belledonne)

Fin de journée à la Sitre (Belledonne)

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