Tétras-lyre, mode d'emploi (II)

Publié le 2 Mai 2019

Je n'aime pas trop lancer des pavés dans la mare à répétition mais l'actualité me l'impose. Vivement le retour du vrai printemps qu'on passe plus de temps à raconter de belles rencontres et de belles sorties ! En attendant, je suis monté sur mon habituelle place de tétras pour un premier affût. Il y a deux ans, j'avais écrit un mode d'emploi à l'attention des personnes intéressées par l'observation et/ou la photographie du tétras-lyre. Lors de ce premier affût 2019, aucun coq n'est venu devant la tente. Les trois oiseaux observés sont restés à distance dans les arbres, peu actifs et mobiles. Une première pour moi. Certes, un randonneur est passé à 5h15, au moment où ils devaient être en train d'arriver ce qui a dû les retarder. Mais quand même. Je me suis interrogé. Serait-ce uniquement dû à la diminution de la population (voir ici, cette année, pour le moment, je note 3 coqs seulement) ? J'ai fini par avoir un élément de réponse en fin de séance d'affût. Voici donc le "tétras-lyre, mode d'emploi", autre méthode, mise en place ce matin par deux chasseurs en mission de comptage...

- Montez sur les places de chant en pleine période de pariades au lever du jour, si possible à deux.

- Répartissez-vous la tache, chacun restant sur une même direction mais en formation de battue histoire de bien compter selon la fuite des oiseaux.

- Comptez les oiseaux à vue, sans affût, sur les places de chant puis une fois qu'ils s'envolent.

Voici donc que, sous prétexte de dénombrer les populations, on s'octroie, certes, sur une seule journée, le droit de déranger la reproduction. Sauf que le lendemain, ce sera un randonneur. Puis le surlendemain la pluie et le vent. Sauf qu'entre la météo que l'on ne peut régenter, un touriste non-informé et un dérangement volontaire (alors qu'on pourrait faire autrement, certes, avec davantage de moyens), il y a une limite qui me fait bondir.

Au-delà de cette technique, j'ai été stupéfait d'apprendre que huit coqs avaient été abattus dans le secteur sur les neufs bracelets autorisés à la saison de chasse dernière. Contrairement à ce que m'avait dit un chasseur en qui j'avais confiance et qui me paraissait être un connaisseur des lieux et des pratiques, il y a donc des prélèvements, et significatifs en plus. Pour une espèce en grand danger. (Je précise que ces prélèvements sont autorisés et donc légaux).

Le loup, le tétras et tant d'autres, que ce soit par une chasse en décalage avec la réalité (d'autant plus pour le tétras dont personne ne se plaint des éventuelles nuisances), la fréquentation humaine de la montagne en toutes saisons, l'exploitation de la forêt, des alpages, l'artificialisation progressive des biotopes naturels, la pollution et j'en passe, sont aujourd'hui le symbole d'une biodiversité dont nous ne prenons pas suffisamment soin malgré les cris d'alarme de la planète.

Le tétras-lyre perché dans les arbres, assez loin de l'affût habituel

Le tétras-lyre perché dans les arbres, assez loin de l'affût habituel

Rédigé par lta38

Publié dans #tétras-lyre, #Belledonne

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article