La première éclipse, il s'agit bien sûr de l'éclipse de soleil du 20 mars dernier, partielle à 70% à Grenoble. Un événement rare qui, s'il n'a pas le côté spectaculaire d'une éclipse totale, reste à ne rater sous aucun prétexte.
Cette éclipse a failli être... éclipsée par la météo. Mais l'épais voile n'a pas suffit à nous en priver : ouf !
Autre éclipse qui m'a fait bondir non pas de joie mais d'énervement, celle de l'Education Nationale. Dans les notes de services afférentes à l'événement, on met le paquet sur les avertissements multipliés quant aux risques liés à l'observation, au détriment du formidable support pédagogique. Certes, il est très dangereux d'essayer d'observer le soleil directement mais pas plus pendant une éclipse que tous les jours. D'autant qu'une occultation à 70 ou 80% laisse suffisamment de luminosité au soleil pour nous dissuader de le regarder. Résultats, de nombreux directeurs d'école, principaux de collèges, inspecteurs... ont demandé aux enseignants de ne pas sortir les élèves. Certains ont été terrorisés " Maman faudra pas que je regarde dehors sinon mes yeux vont brûler" ; d'autres ont produit des comportements aberrants "Maître je peux regarder le soleil maintenant que l'éclipse est finie ?" ; tous (ceux-là) ont été privés de ce formidable spectacle et de comprendre ce qui se passe. Heureusement, ce n'est pas la majorité et de nombreux enseignants ont pu en tirer profit sans céder à cette psychose d'une administration qui devient de plus en plus psychopathe. Dans ma classe de CM2 à Saint-Martin-d'Hères où les enfants ne sont pas des plus aisés nous avons pu nous procurer une paire de lunettes pour trois et tout le monde a pu regarder en toute sécurité. Et nous avons noté nos observations tout au long de la matinée.
Image réalisée avec le Panasonic GM1 + 45-150 f/3,5-5,6 et disque avant de protection contre les rayons solaire. Forte retouche sur LR afin d'éliminer l'effet de halo dû aux voiles très présents ce matin-là. Image convertie en monochrome.
Les élèves notent leurs observations
Le matériel de prise de vue.
J'ai eu le concours en 1999 et c'est la première fois que je m'exprime de manière virulente sur le sujet. Seize ans d'enseignement et une dégradation catastrophique de notre travail. Les projets qui sortent de l'ordinaire sont découragés par une surcharge de travail administratif aussi abondante qu'inutile ou par le risque d'être mis en accusation en cas d'incident quand ce ne sont pas les deux en même temps. Les documents pédagogiques/didactiques/d'évaluation constitués par les enseignants lors de multiples réunions et soirées prolongées sont démontés à peine mis en place car rendus caduques par les changements de programmes/fonctionnements tous les quatre ans (dans le meilleur des cas), avant même de connaître les effets positifs qu'ils pourraient avoir. Chaque nouveau ministre (deux à trois par quinquennat) se comporte comme un chien qui pisse sur un réverbère et qui doit marquer son territoire à tout prix. Un des plus beaux métiers du monde perd peu à peu de sa superbe. Certains me demandent pourquoi je reste titulaire remplaçant et je leur réponds que dans l'état actuel des choses, c'est la meilleure façon que j'ai trouvée pour continuer ce beau métier en m'affranchissant le plus possible de la partie administrative que je juge inutile et d'un maximum de déboires dont je viens d'évoquer un exemple.
Bref ; nous, on a passé la matinée autour de l'éclipse. Une classe soit disant difficile à gérer (et qui l'est certainement) mais tout le monde a adoré. Tout n'était pas parfait et les plus turbulents ont parfois un peu dérapé mais au final, tous ont joué le jeu. Pire ! (ou mieux) : l'élève le plus difficile à gérer de la classe a fait un travail remarquable. Je ne l'en soupçonnais même pas capable. Seulement dix jours que j'opérais dans cette classe et l'éclipse a pour moi (et surtout pour eux) été une réussite totale. Un formidable pied de nez à l'administration et qui me conforte dans mon sentiment.