Qui l'eut cru ? Qui eut cru qu'en étant encore à 15h15 au parc des Oiseaux de Villard-les-Dombes (Ain), qu'il restait encore près de deux heures de route en car pour rejoindre Saint-Martin-d'Hères sans compter les bouchons sur la rocade, qu'il fallait se préparer, faire le plein d'eau, faire encore un peu de route, crapahuter sur un raide sentier et grimper quelques longueurs de 6, on pourrait se dresser à 21h45 sur le sommet de la dent de Crolles sans avoir besoin de lampe frontale ? Et pourtant...
19h15. Après une marche d'approche suffocante, on retrouve des thermiques et une relative fraîcheur. Je mousquetonne le premier point de la première longueur de la voie "Kilukru" en face ouest de la dent de Crolles, un bon 6b qui réveille. Mieux vaut savoir se servir des pieds. La longueur est sublime.
Candice se colle à L2, toute aussi belle quoique moins soutenue. En revanche, elle présente un passage nettement plus dur (6c) bien exigeant, tant pour les avants-bras que pour les pieds. En second, je ne parviendrais pas à l'enchaîner sans repos. Reste que c'est très beau.
L3, c'est pour moi. Cette longueur est plus quelconque et assez courte. Elle présente un pas de bloc où il faut bien se placer dès le départ (6a+). On retrouve une escalade magnifique par la suite. D'abord L4 où Candice randonne dans le passage de 6b+. Pour ma part, ne décodant pas immédiatement la prise de pied clef permettant de traverser sur la gauche, je serai quitte d'un petit pendule avant de réussir le pas au second essai. Un pas bien obligatoire sans doute. En revanche, je déroule dans L5, un magnifique 6a+ en fissure que ma partenaire trouvera un tantinet retors.
La sortie sur le sangle de la Barrère coupe un peu la continuité de cette voie jusque là magnifique. Il faut d'abord traverser 40 m à droite sur une vire herbeuse pour rejoindre un relais de "anecdote". De là, deux solutions : prendre la vire ascendante à droite (2) pour rejoindre le sangle ou alors monter droit sur un pilier (4c, 1 spit de 8, 1 piton, expo). Nous avons choisi la seconde solution mais en aucun cas n'avons trouvé le 5c du topo.
On arrive alors au pied du ressaut terminal, haut d'une quarantaine de mètres et où nous empruntons l'ultime (et magnifique) longueur de "excès de zèle" (un pas de A0 puis 6b soutenu).
En résumé, une très belle escalade (5 longueurs majeures sur les 7 que comporte la voie) et un timing parfait. La descente aux lueurs de la ville et avec l'aide d'une frontale aux piles neuves en terrain archi connu n'étant qu'une simple formalité.