Celui-là n'est pas connu. C'est pourtant un fort beau sommet du massif de Belledonne, dominant à l'ouest le plateau des Sept-Laux et à l'est l'Eau-d'Olle. Certes, avec 200 mètres de moins que le rocher Blanc, le panorama n'y est pas aussi complet mais il mérite largement une visite en terrain chamois peu difficile, par son arête nord.
Mais il y a une autre façon d'y aller désormais. Après la Norvège et la Forêt Noire, c'était le troisième gros projet de l'été et je peux dire qu'il a fait plus que tenir ses promesses. Non seulement, le week-end aura permis d'ouvrir la voie entièrement mais en plus, elle s'est avérée bien plus intéressante que ce que je supposais après mes repérages.
Un week-end bien rempli avec l'ami Damien qui s'est prêté au jeu avec enthousiasme. Il a fallu monter tout le matériel dont 50 plaquettes, en plus des 22 déjà planquées là-haut ce printemps. Pas une ne sera redescendue !!
Voici le topo de cette nouvelle voie. Merci de ne pas le copier ; en revanche, les conditions étant parfaites en ce moment (météo stable, températures idéales, pas de névés donc approche en baskets), il eut été dommage d'attendre avant de le publier. Il faut profiter de ce créneau pour monter là-haut dans ces faces rapidement froides à l'automne, ici ou du côté du Toit sur les voies ouvertes l'an dernier. Bonne grimpe !
Pic des Eustaches 2728 m, face nord-ouest
Jeux de Brumes
Ouv : Damien Céli, Lionel Tassan 20-21 août 2022
Diff : 6a max, 5c obligatoire
Longueur d’escalade : 400 m
Equipement : 72 goujons (Petzl Cœur Bolt inox ø10) + 4 lunules
Matériel : corde 35 m, 10 dégaines, 3 sangles
Généralités
La voie attaque juste au-dessus du lac de l’Agnelin dans un socle en granite qui permet paisiblement de se mettre en chauffe sur 4 longueurs plutôt que de remonter un pierrier. 15 minutes de jonction permet de gagner le pied de la face proprement dite où le rocher devient du gneiss. Le rocher est globalement bon voire très bon mais on reste en montagne. Dès que la difficulté faiblit, il reste des prises douteuses. Bien que du nettoyage ait été fait durant l’ouverture et la répétition qui a suivi, il reste des sections où il faudra rester attentif. C’est une voie typée montagne avec une ambiance face nord. Le rocher est parfois très granuleux, parfois plus lisse avec la présence de lichens lisses qui impose de bien placer ses pieds. Les difficultés sont peu soutenues à part la première longueur de la face (L5). L’équipement a été pensé pour une cordée habituée au terrain montagne : en-dessous du 5b, il faudra grimper entre les points. Il n’y a aucun piège. Prendre 3 sangles pour éventuellement compléter les parties très faciles (voire 2-3 cordelettes en 6 mm pour les lunules)
Approche
2h15 à 2h45
Du parking de la cascade des 7 Laux (le Rivier d’Allemont), prendre le raide sentier des lacs (800 m de dénivelé, ça ne pinaille pas). On contourne le lac de la Sagne par l’est en passant devant une cabane EDF. Deux options à partir de là.
1- Option « bourrin » rapide. Quitter le sentier à droite pour remonter des vallonnements herbeux en rive droite d’un talweg puis rejoindre le talweg lui-même (névés ou pierrier pénible) pour sortir au col dominant le lac de l’Agnelin. C’est le plus direct mais le plus pénible aussi. En début de saison, descente ultra rapide par là sur des névés. Traverser en légère descente vers l’est pour rejoindre le pied de la face. Le départ est assez à gauche (cairn). 2h15
2- Option cool (mais plus long) par le sentier jusqu’au col des 7 Laux. Un peu avant le col, partir à droite (plein est) dans l’herbe et traverser environ 50 mètres (en dénivelé) au-dessus de la rive sud du lac du Cos pour aller prendre pied dans le vallon de l’Agnelin (pas de sentier). On rejoint le large vallon qu’on remonte jusqu’au lac qui s’atteint par un mini raidillon à droite. Traverser son déversoir (donc au nord du lac) pour rejoindre l’attaque. Il est peut-être légèrement plus direct de ne pas aller au lac mais de contourner par la gauche la barre qui le soutient et de rejoindre directement l’attaque. 2h45.
Socle
L ‘attaque se situe sur un petit pilier à droite du cône le plus marqué qui remonte dans le socle.
L1 : Remonter ce pilier puis poursuivre droit par des zones de dalles. Relais sur un terrasse 5 étoiles. 5a. 30 m. 5 points + relais.
L2 : Poursuivre droit jusqu’à une dalle en forme de losange qui présente le crux. En sortir par son bord droit et continuer jusqu’au relais. 5c. 35 m. 6 points + relais
L3 : Longueur de transition : un pas au-dessus du relais puis vire herbeuse à droite jusqu’au pied d’une cheminée. 3b. 20 m. 1 point + relais sur 1 point (trou pour éventuellement ajouter une lunule 6 mm).
L4 : Grimper le pilier à droite de la cheminée. Au beau rocher blanc du départ suit des dalles plus moussues pour sortir en haut du socle. 4c. 28 m. 4 points + relais
Jonction
Traverser sur la droite en montant légèrement : selon la date, ce sera du névé ou un mix d’herbe et de gros blocs très agréable jusqu’à parvenir en vue de l’attaque de la face nord-ouest. Remonter alors vers la droite un raide pierrier (ou un névé qui se raidit, crampons pouvant s’avérer indispensables) jusqu’à l’aplomb de l’attaque qui se situe à droite d’une cheminée caractéristique, sur le flanc gauche d’un pilier. L’atteindre soit par un raide névé soit par des rochers rouges (passages de 2) entrecoupés de portions terreuses. 1 plaquette à l’attaque (à moins qu’elle ne soit sous la neige…) pour s’équiper confortablement. 15 minutes
Face nord-ouest
L5 : Attaquer le pilier par un mur très raide mais bien prisu. Poursuivre sur l’arête puis à gauche sur des dalles plus lisses. Sortir par un dièdre au point le plus bas de la grande trainée blanche, bien visible de loin. 5c. 35 m. 9 points + relais
L6 : Monter en oblique à droite sur la grande dalle blanche (premier point très loin mais c’est très facile) puis traverser horizontalement à droite jusqu’au relais. 5a. 30 m. 4 points + relais
L7 : Attaquer au-dessus dans des dalles inclinées. Les dalles se redressent et les prises s’amenuisent. Deux ou trois pas plus fins permettent de se rétablit sur une écaille. Poursuivre au-dessus puis traverser à droite. Faire une légère descente sur une vire puis remonter facilement jusqu’au confortable relais. 6a. 35 m. 8 points + relais.
L8 : Gravir un petit mur au-dessus du relais puis en oblique à droite pour traverser complètement et rejoindre la base d’une grande dalle caractéristique. La gravir jusqu’à un relais sur son bord droit. 5b. 35 m. 6 points + relais
L9 : Continuer droit dans la dalle. Points très éloignés mais facile. En sortir au pied d’un petit mur qu’on franchit pour atteindre le relais. 4c. 35 m. 4 points + relais
L10 : Monter légèrement sur la gauche dans une dépression puis droit : petit mur, dalles claires puis à nouveau un petit mur. Relais droit au-dessus sur un large terrasse. 4b. 35 m. 4 points + relais sur un point + lunule.
L11 : Encore plus facile en rejoignant un petit éperon à gauche (plaquette) puis de petits ressauts en légère oblique à gauche jusqu’à une terrasse qui marque la fin des difficultés. 3b. 35 m. 2 points, 2 lunules + 1 points au relais
L12 : Droit au sommet dans des gros blocs. 2b. 50 m. aucun équipement.
Descente
Suivre l’arête nord sans difficultés (quelques passages où on met les mains) jusqu’à proximité du col des Eustaches puis on tire à gauche. Pierrier un peu plus pénible ou névés pour descendre droit rapidement.
Remarques
- L’approche est loin d’être négligeable mais l’ampleur de l’itinéraire semble justifier le déplacement, d’autant que le matériel à emporter est limité.
- Descente en rappel à oublier (la voie traverse… pas d’équipement prévu). Aussi, un unique brin de 35 mètres est suffisant.
- Refuge des 7 Laux à une (bonne) heure de l’attaque ; bivouac possible partout dans le vallon de l’Agnelin, à quelques minutes du pied de la voie.
- Eau partout dans la montée et le plateau. Inutile d’importer le moindre millilitre d’eau dans sa gourde.