Publié le 31 Octobre 2014
En partant de la Betta à près de 10h du mat', je ne pensais pas réaliser une de mes plus belles courses d'alpi en Belledonne. Je ne monte pas spécialement vite. je sors au soleil au pas de la Coche après une bonne caillante et fabrique une bonne dizaine de cairns afin de baliser l'approche la plus optimale pour atteindre le pied de la pointe sud des arêtes du Pin, objectif de la journée. Les arêtes du Pin en solo, c'est déjà cinq pointes à traverser, six ou sept rappels, et un itinéraire en bon rocher sur le fil, essentiellement d'équilibre avec des passages de 3 et jusqu'au 4c si on gravit toutes les pointes dont notamment la facultative qui suit la brèche du Pin.
Je n'évite aucune pointe, aucun gendarme. La forme est là et je suis serein. C'est un véritable plaisir d'évoluer ici sans la corde, qui ne servira qu'aux rappels (un brin de 40 m en 6 mm) et encore, certains seront même désescaladés. Je profite pour rééquiper deux d'entre eux. A la pointe centrale, là où l'on quitte 9 fois sur 10 les arêtes par deux rappels, je désescalade et poursuis par la traversée de la pointe nord.
Arrivé juste avant le col de l'Aigleton, je suis accueilli par deux gros mâles bouquetins et fais quelques photos. Il fait toujours grand beau. Il est à peine 13h.
Il fait grand beau et me vient alors l'idée de poursuivre les arêtes et de boucler un tour complet du vallon du Vénétier. Pour ce faire et afin de ne pas "truander" la boucle, il faut poursuivre par le pilier sud de la pointe de l'Aigleton et, par exemple, la voie "Plume". Une voie qui remonte un pilier de 100 m de haut en trois longueurs dont une de 5a. En partie basse, je passe par une variante dans un dièdre en excellent rocher en 4b puis arrive au fameux passage. Plein gaz. J'hésite un peu. Pas le droit à l'erreur. En fait, du 5a en grosse avec de bonnes prises dans les mains comme c'est le cas, il ne peut pas se passer grand chose. Il faut juste être sûr de la fiabilité des prises. Je prends le soin de les tester une à une et finalement, passe sereinement. Il se passe alors une sorte de joie intérieure car je sais que les difficultés principales sont derrière moi. Bon il faut quand même poursuivre par les arêtes en 3, assez aériennes par moment. Mais le rocher reste solide.
Nouvelle jonction puis j'enchaîne avec la suite : de nouvelles arêtes sur ce que j'appelle la pointe nord de l'Aigleton. Aucune trace de passage ; je dois même équiper le rappel final d'une sangle autour d'un becquet.
Nouvelle brèche puis c'est la dernière échine vers le sommet de la dent du Pra.
J'y suis au même moment qu'un randonneur rencontré au col de l'Aigleton. Il est 14h30.
J'imagine alors une photo à la "Rébuf'" sur le sommet même de la Dent ; merci au randonneur d'avoir accepté de la prendre.
Je repars vingt minutes après en direction de la cime de la Jasse. Une formalité malgré quelques pas de désescalade où il faut rester concentré.
Pour la suite, je cours vers les dents de Bédina. Dent nord à vaches puis dent centrale (ou dent Blanche) également.
La dent sud (ou dent Noire) opposera la seule véritable difficulté de cette partie du parcours : une escalade en 3 face nord (qu'il était très tentant d'aviter par un crochet versant ouest - et l'éthique alors ?) sur du rocher rouge délité puis une redescente herbeuse très aérienne. La suite se déroule sur un fil très... effilé. Superbe !
Mais ça court quand même et je suis au sommet du jas des Lièvres guère plus d'une heure après avoir quitté la dent du Pra ! Je boucle ainsi les 1800 m (du moins en montée car il m'en reste encore pas loin de 1000 à descendre) de dénivelé du bazar dont près de 1000 m en escalade. AD+ pour l'ensemble, 5a max.
Il n'est que 16h et nul besoin de se presser pour finir sans frontale.
Après avoir rejoint la route qui relie le pré de l'Arc à Aiguebelle, je décide de couper droit en-dessous pour tomber pile (si possible) sur la voiture. Ce sera parfait au niveau visée...
En revanche, je devrais affronter du bon "sanglier" : une forêt dense ultra raide, sans doute une des pires que j'ai recontré. Heureusement, cela ne durera pas bien longtemps. Quelle boucle ! Assurément une des plus belles courses du massif de Belledonne. J'encourage vivement ceux qui seraient tentés d'enchaîner les arêtes du Pin et "Plume" de poursuivre pour faire l'intégrale. Somp-tu-eux !
13 pointes du Vénétier :
Pointe de la Coche 2197
Pinacle du Pin 2230
Pic sud du Pin 2310
Pic central du Pin 2342
Pic nord du Pin 2330
Pointe sud de l'Aigleton 2498
Pointe nord de l'Aigleton 2603
Dent du Pra 2623
Cime de la Jasse 2478
Dent nord de Bédina 2422
Dent de Bédina 2430
Dent noire de Bédina 2410
Jas des Lièvres 2325