Avec l'effet Covid, on constate une augmentation de la fréquentation de la montagne depuis le mois de mai. Ce début d'hiver n'échappe pas à la règle. Avec la fermeture des stations de ski, nombreux sont ceux qui découvrent la neige autrement. Ainsi, les spots au départ des stations, des villages de montagne et des parkings réputés pour la randonnée (Prabert, Barioz, Coq, Porte... pour les plus proches de chez moi) ne sont plus l'apanage des skieurs de randonnée et des raquettistes. On y rencontre également de "nouveaux" randonneurs, montant à pied, en chaussures de skis (alpin) et en portant les skis (de descente), tractant des luges, se faisant tracter par leurs chiens voire même des vélos... Ce sont bien souvent ces derniers qui, par méconnaissance de la véritable définition, appellent "poudreuse" tout type de neige qui n'est pas damée y compris de la neige lourde ramollie par le redoux. Il ne s'agit pas de se moquer mais de rappeler que la qualité de la neige est définie par des termes précis. On peut brièvement citer :
1- La neige dure. Il s'agit d'une neige généralement froide (non gorgée d'eau liquide regelée) tassée naturellement, la plupart du temps par le vent ou artificiellement par les passages successifs. L'accroche pour le ski va de bonne à moins bonne. On parle aussi de neige dure lorsqu'il s'agit de neige transformée (voir 2) mais... non transformée !
2- La neige transformée. Il s'agit d'une neige gorgée d'eau par le dégel répété en journée (et les regels successifs de la nuit). Elle "transforme" lorsqu'elle dégèle en surface. Cette moquette est excellente skier si on passe au bon moment. En cas de non-dégel (et donc, non transformation), elle sera dure, avec grains de surface (et grip assez bon à bon).
3- La neige pourrie. Il s'agit d'une neige récemment froide mais complètement humidifiée par la pluie. Le ski y est passable si elle ne regèle pas. On parle également de neige pourrie lorsque la transformation (voir 2) est trop en profondeur (à une heure plus ou moins avancée de la journée selon l'orientation).
4- Le carrelage. Il s'agit de neige pourrie (voir 3) regelée en profondeur suffisante pour porter. et avec surface glacée. Le ski y est très dangereux ; les pentes (un tant soit peu) raides sont déconseillées.
5- La croûte. Il s'agit de neige variées (poudreuse, transformée, pourrie) avec regel en surface (suite à une fine pluie ou du vent sur de la poudreuse ou un froid insuffisant pour pénétrer plus profond sur de la neige transformée). c'est l'ennemi du skieur. Cependant, en cas de légère croûte de vent sur neige poudreuse, les skis larges atténuent la dégradation.
6- La poudreuse. La vraie. Il s'agit de neige récente n'ayant pas subi les effets du soleil ou plus généralement du dégel. Elle peut prendre l'appellation de poudreuse lourde (lorsqu'elle tombe en quantité par une température comprise entre 0 et 2°C), poudreuse dense lorsqu'elle est naturellement tassée par le vent ou poudreuse tout court (la meilleure). Il s'agit donc d'une neige sèche profonde. Le ski y est excellent mais physique en cas de grandes épaisseur. Dans ce cas, les skis larges changent la donne.
7- Le névé. Il s'agit d'une neige transformée à répétition, à tel point que les grains deviennent très gros. On la rencontre en fin de saison. Le névé gèle très facilement en surface et devient vite glacé dans ce cas. Lorsqu'il transforme (tout aussi rapidement), il devient agréable à skier quoique un peu collant. L'avantage est de réserver une portance à toute heure et d'être quasi exempt de risque d'avalanche.
En tous cas, pour cette journée entre deux perturbations, on ne pourra pas dire que le terme poudreuse était volé. Avec le jour le plus froid de ce début d'hiver (-20°C sur le plateau du Vercors) et les récentes chutes, il était bien question de poudre en toutes orientations.