Publié le 29 Août 2016

Dom est un passionné. Passionné de la vie. Il ne supporte pas qu'on fasse du mal aux animaux comme aux hommes. Son temps libre, il le consacre beaucoup à l'observation et à la photo de la vie sauvage et particulièrement certaines espèces dont le blaireau. Il connait des dizaines de terriers mais il suit spécialement l'un d'entre eux depuis cinq ans. Je ne vous raconte pas les dizaines de sorties qu'il a dû faire  par tous les temps pour trouver, s'organiser, comprendre, se faire accepter... Les épreuves endurées (on ne soupçonne pas ce que cette petite bête qui ne demande rien à personne endure avec l'humain) dont il a pu être témoin en direct et grâce à ses pièges photos (terriers bouchés à la main avec des troncs et des pierres, chiens envoyés à l'assaut dans les terriers...). Pourquoi tant d'animosité ? Que l'homme se serve de la nature pour l'exploiter (construire, se nourrir, se chauffer...), évidemment, mais détruire un tel animal pour quelle raison ?

En 2012, Dom m'avait déjà invité à deux reprises. J'avais alors réalisé ma meilleure série sur cet animal, sans le moindre effort. Et une autre pas mal du tout avec des plans plus serrés. Il suit toujours les mêmes animaux depuis mais ils sont désormais plus méfiants. Sans doute en raison des diverses aggressions subies. Ce soir, je n'ai eu droit qu'à quelques minutes de pause de l'un d'entre eux devant le terrier avant qu'ils ne se déplacent un peu plus loin. Peut-être est-ce dû à cette présence étrangère qu'était la mienne aux côté de l'ami des blaireaux ?

Dans tous les cas, merci Dom' ! Et longue vie à ces animaux.

Les blaireaux de Dom'
Les blaireaux de Dom'
Les blaireaux de Dom'

Quelques notes techniques :

- Appareil photo : Canon EOS 6D

- Objectif : Canon EF 300 mm f/2,8 L IS (+ Canon TC 1,4X II)

- Obturation : 1/180 sec (synchro flash max)

- Ouverture : f/4 (P.O.)

- ISO : 800

- Six flashes Canon Speedlight 430/580 EX 

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Rédigé par lta38

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Publié le 28 Août 2016

Petit tour hier sur un secteur de proximité pour voir si les myrtilles sont mûres. Et surprise : pratiquement pas de fruits, pour la seconde année consécutive. Et il y a dix jours, c'était idem sur un spot pourtant réputé excellent. Que se passe-t-il ?

Qu'à cela ne tienne, on ne désarme pas. Ce matin, je prends un peu d'altitude pour aller sur un secteur a priori prolifique. Ouf, elles sont là.

Et autre bonne surprise : malgré le sec, les cèpes sont de sortie. Champignon vraiment particulier qui choisit de sortir quand il veut, quelles que soient les conditions météo. Evidemment, quand il fait chaud et sec, ils sont rapidement verreux ce qui explique que les trois quarts des exemplaires rencontrés n'aient même pas été ramassés et qu'il y ait encore pas mal de déchet à la maison.

Images IPhone 5c

Jeune, adulte, vieux
Jeune, adulte, vieuxJeune, adulte, vieux

Jeune, adulte, vieux

Environ 35 cm de diamètre pour ce monstre, malheureusement pas consommable car entièrement attaqué par les larves

Environ 35 cm de diamètre pour ce monstre, malheureusement pas consommable car entièrement attaqué par les larves

Après une année de disette, ça fait plaisir à voir

Après une année de disette, ça fait plaisir à voir

Un sac plastique (je n'avais pas prévu qu'ils soient là) de cèpes (le quart de ce que j'ai vu, les autres étant bien verreux) ; cinq kilos de myrtilles

Un sac plastique (je n'avais pas prévu qu'ils soient là) de cèpes (le quart de ce que j'ai vu, les autres étant bien verreux) ; cinq kilos de myrtilles

A la faveur de mes images sur Facebook, le peigne a fait parler de lui. Le mettre sur cette photo était, bien sûr, volontaire. J'aurais pu le laisser de côté et botter en touche les éventuelles questions... "Tu ramasses à la main ? euh, bien sûr... !" Mais ce n'est pas le style de la maison. Depuis le départ, ce blog me sert de mémoire et reste un partage avec les lecteurs. Je ne vais, ni me mentir à moi-même, ni leur mentir. Alors, oui je ramasse au Peigne. Et pour alimenter une éventuelle discussion, voici mon point de vue là-dessus.

- Le ramassage au Peigne en Isère est autorisé à partir du 15 août. Je ne ramasse jamais les myrtilles avant le 15 août (de toutes façons, le meilleur moment c'est septembre). Ce n'est pas parce que c'est autorisé que c'est bien mais on peut espérer qu'il y ait eu un minimum de réflexion pour pondre cette autorisation (et donc l'interdiction d'avant cette date).

- Le ramassage au Peigne abîme davantage la plante qu'à la main. Vrai. Mais à ce compte là, on peut y aller au niveau des comparaisons. Ramasser les myrtilles au Peigne, c'est une sorte de triche. C'est comme en escalade tirer au clou. A skis, déraper sur une pente raide. Sauf que le dérapage ou "l'artifage" n'a d'impact que sur son propre égo à la limite ; pas sur la nature. Poussons donc plus loin. Utiliser le peigne, c'est se faciliter la vie. Utiliser le peigne, c'est comme mixer les légumes avec un robot plutôt que de les couper à la main. C'est se rendre en voiture au parking de départ de sa rando plutôt qu'à pied ou à vélo. C'est s'acheter un sac de couchage plutôt que de dormir directement sur l'herbe. Dans tous les cas, l'homme se facilite la vie avec un impact sur la planète. Sans peigne, le ramassage de la myrtille est bien compliqué. Je ne le ferais sans doute pas. Comme je ne ferais pas de rando (ou uniquement celles qui partent de la maison) sans voiture. Je n'irais pas bivouaquer. Il est bien évident que tout ce confort se paie cash pour la nature. L'équation est bien compliquée à résoudre. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, l'homme (et moi compris) a beaucoup de mal a céder à son petit confort apporté par les progrès technologico-scientifiques. Et si le plus grave étaient toutes ces politiques natalistes ? Ne devrait-on pas essayer de limiter voire infléchir la démographie mondiale ? N'est-ce pas cela le coeur du problème ?

En attendant, je continue de ramasser les myrtilles au peigne (entre dix et vingt kilos annuels en moyenne) dans mon massif de Belledonne en des endroits reculés peu fréquentés (au moins une heure de marche et à bonne allure) et où la plante pousse en abondance. On peut aussi le faire en limitant les dégâts (en tenant le plan avec l'autre main, ce que m'avait montré mon grand-père, et en évitant de "bouriner"). A noter que les peignes "modernes" en plastique épargnent un peu plus les plants que les ancestraux peignes en bois. En revanche, ils finissent par se fendre (le plastique c'est fantastique...) si on attend qu'ils soient pleins avant de les vider car le travail exercé sur la poignée est important en raison de la charge. Il faut donc le changer car réparer du plastique... On n'est pas rendu... Bonnes cueillettes à tous.

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Rédigé par lta38

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Publié le 26 Août 2016

Une journée de repos s'imposait après les Jorasses. Avec la canicule en cours, pas question de remettre les pieds en haute montagne sur des ponts de neige fragiles ou sous des faces mixtes prêtes à libérer leurs pierres. Thib' serait bien partant pour aller au Grand Cap' mais à la journée, ce serait vraiment difficile d'attraper la benne et je n'ai pas envie de payer un refuge de plus. J'ai aussi envie d'une "petite" course à la journée sans trop de marche d'approche pour finir cette session d'alpi/escalade d'été. Nous tombons d'accord sur la face nord-ouest de l'aiguille de l'M. Approche et voie se feront à l'ombre. Parfait. Souhaiter balader les coinceurs, nous choisissons une vielle voie : la Ménégaux. Suivant une ligne de dièdres sur la partie gauche de la face, elle semble assez esthétique.

L1 : départ austère. Dièdre en 4c (35 m) pour s'échauffer. Les protections sont faciles à poser.

L1 : départ austère. Dièdre en 4c (35 m) pour s'échauffer. Les protections sont faciles à poser.

R2 : un vaste choix de coloris

R2 : un vaste choix de coloris

L2 : toujours austère, toujours 4c. Une trentaine de mètres. Granit de type face nord : gris et moins adhérent que la protogine rouge.

L2 : toujours austère, toujours 4c. Une trentaine de mètres. Granit de type face nord : gris et moins adhérent que la protogine rouge.

L3 : ça commence vraiment à grimper. 5c+ (bon disons 6a, c'est quoi cette connerie de cotation en montagne ?) paraît-il en prenant la dülfer à droite. Thib', et idem pour moi derrière, passons par la fissure de gauche. Longueur soutenue. 6b je dirais.

L3 : ça commence vraiment à grimper. 5c+ (bon disons 6a, c'est quoi cette connerie de cotation en montagne ?) paraît-il en prenant la dülfer à droite. Thib', et idem pour moi derrière, passons par la fissure de gauche. Longueur soutenue. 6b je dirais.

L4 : 5b en dièdres après un départ en passant sous une énorme écaille (on a probablement fait le R3 trop à gauche) qui ne fait pas envie

L4 : 5b en dièdres après un départ en passant sous une énorme écaille (on a probablement fait le R3 trop à gauche) qui ne fait pas envie

L5 : 6a (un pas) puis du 5. A la sortie, on se demande si on n'a pas fait le relais trop à gauche (un autre pas délicat - 6a au moins - non mentionné sur les topos), d'autant qu'on s'écarte du dièdre final

L5 : 6a (un pas) puis du 5. A la sortie, on se demande si on n'a pas fait le relais trop à gauche (un autre pas délicat - 6a au moins - non mentionné sur les topos), d'autant qu'on s'écarte du dièdre final

L7 : un pas de 5c en traversée puis un autre de 6a, le reste facile, pour sortir sur l'arête NNE par laquelle (une longueur de 3) on gagnera le sommet). Peut-être la confirmation de notre erreur. La L6, non représentée en photo, m'a fallu de franchir, en une petite vingtaine de mètres, une première fissure puis une seconde bouchée avec pas mal de clous en place. Je me suis agrippé un peu à tout, tandis que Thibal libérait en second. Son estimation ? "Difficile, il faut se placer et serrer quelques petites prises, peut-être 7a..."

L7 : un pas de 5c en traversée puis un autre de 6a, le reste facile, pour sortir sur l'arête NNE par laquelle (une longueur de 3) on gagnera le sommet). Peut-être la confirmation de notre erreur. La L6, non représentée en photo, m'a fallu de franchir, en une petite vingtaine de mètres, une première fissure puis une seconde bouchée avec pas mal de clous en place. Je me suis agrippé un peu à tout, tandis que Thibal libérait en second. Son estimation ? "Difficile, il faut se placer et serrer quelques petites prises, peut-être 7a..."

Petits, grands Charmoz, Blaitière ! Quel panorama ! Un rappel de 25 m, un autre de 7m, une désescalade et on est au col de la Bûche, ayant dépassé deux cordées dans le haut de l'arête NNE

Petits, grands Charmoz, Blaitière ! Quel panorama ! Un rappel de 25 m, un autre de 7m, une désescalade et on est au col de la Bûche, ayant dépassé deux cordées dans le haut de l'arête NNE

Après une pause à l'ombre au col (c'est dire si ça cogne), on attaque la descente par le couloir avant l'arrivée des autres cordées afin de ne pas subir un éventuel parpinage.

Après une pause à l'ombre au col (c'est dire si ça cogne), on attaque la descente par le couloir avant l'arrivée des autres cordées afin de ne pas subir un éventuel parpinage.

Quelques infos techniques pour parcourir cette voie :

- Accès : train Montenvers (1h30), plus efficace que le plan de l'Aiguille qui, certes, dépose plus haut mais il faut redescendre un peu (donc remonter au retour) avec davantage de distance et la queue à faire à la benne (ou alors, bivouac la veille au soir - bonne option).

- Difficulté : TD+, 200 m, 6a obligatoire

- Jeu de friends du 0,3 au 2 + petit câblés + sangles ; corde à simple 50 m

- baskets suffisantes pour la descente (sauf en tout début d'été quand le couloir de la Bûche est encore en neige)

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 24 Août 2016

Traversée Rochefort - Jorasses. J2

L'aube point. La température reste élevée (2°C au petit matin à 4020 m) : très bien pour ne pas avoir froid au réveil et suffisant pour opérer un certain regel. La cordée d'Italiens attaque en premier, suivie par le guide français et son client, tous fort sympathiques. L'Italien nous dit qu'il a un topo décrivant de passer par le second dièdre. Nous sommes dubitatifs. Les Français suivent. Thibaut reste persuadé qu'il faut suivre notre topo mais je le convaincs de nous rallier à la majorité. Finalement, les Français font demi-tour : trop dur. Nous-aussi. Retour à la case bivouac. 7h40. Quelques minutes de perdues mais ce n'est pas très grave.

Nous gravissons le dièdre en 4c de la Marguerite ; la suite sera un beau parcours d'arêtes facile mais demandant l'habitude d'évoluer en terrain montagne à corde tendue.

Descente du sommet de la pointe Marguerite, premier 4000 (4065 m) du jour

Descente du sommet de la pointe Marguerite, premier 4000 (4065 m) du jour

Remontée à la pointe Hélène, second 4000 (4045 m)

Remontée à la pointe Hélène, second 4000 (4045 m)

La pointe Croz (4110 m)

La pointe Croz (4110 m)

De mon côté, la forme est revenue. Thibault reste imperturbable. On avance vite, désormais devant nos deux cordées. Au niveau de la pointe Croz, il faut remettre les crampons. Je prends le temps de bien les ajuster sur mes baskets d'approche, laissant passer les Français. La course (du moins la montée) n'est plus qu'une formalité. Pointe Whymper, puis Walker. Ce mythe des Grandes Jorasses est enfin là devant nous. Au final, cette traversée aura été beaucoup plus rapide que prévue. Seulement 5h30 cumulées de Canzio à la Walker et encore, avec probablement trente minutes de perdues avec la cordée d'Italiens qui, peut-être impressionnée par le difficile passage franchi lors de leur variante improvisée du matin, a tiré plusieurs longueurs de la Marguerite à la brèche Hélène - Croz. Pour une cordée acclimatée et qui a l'habitude de gérer ce terrain montagne à corde tendue, 6/7h pour la traversée Rochefort et 6h pour celle des Jorasses me paraît (donc) être un horaire abordable, sans compter les pauses bien sûr.

Pointe Whymper (4185 m) depuis la Walker (4208 m) ; la cordée italienne arrive

Pointe Whymper (4185 m) depuis la Walker (4208 m) ; la cordée italienne arrive

La cordée française attaque la descente de la Walker

La cordée française attaque la descente de la Walker

Contents ! Mais il va falloir rester concentrés pour cette descente réputée compliquée

Contents ! Mais il va falloir rester concentrés pour cette descente réputée compliquée

10h40. Nous attaquons la descente par l'éperon sud des rochers de la pointe Walker. Ce n'est pas difficile mais il faut rester concentré. Personellement, je suis bien à l'aise là-dedans et j'aurais même préféré être décordé. Mais on ne va pas mettre et remettre la corde à chaque fois que besoin. En revanche, je ne brille pas sur la neige lors de quelques passages en glace affleurante. Thib' marche droit en piolet canne ; moi je suis à quatre pattes. L'an prochain, je me rachète une paire de vraies chaussures de montagne. Fort heureusement, ces passages sont très courts cette année et la descente en est presque débonnaire. On traverse en trottinant sous les séracs pas vraiment menaçants cette année (mais sait-on jamais...) pour rejoindre le bas des rochers Whymper où quatre rappels sont équipés. Nous perdons du temps avec une cordée ayant fait l'aller-retour par la voie normale et qui rame vraiment pour poser les cordes et descendre. Ils coincent le troisième rappel. Nous le leur décoinçons. Mais nous coinçons aussi à notre tour (saloperie d'écaille mal placée). Personne en amont. Il faut remonter, décoincer, redescendre. Thibault s'exécute vite et bien.

Avant de traverser sous le sérac

Avant de traverser sous le sérac

Les rochers Whymper avec la cordée pas très rapide en aval

Les rochers Whymper avec la cordée pas très rapide en aval

Une traversée neigeuse amène aux rochers du Reposoir où nous pouvons dépasser la cordée et descendre vite. Enfin, tout est relatif. Nous nous faisons doubler par un Italien qui "court". Il a fait lui-aussi la traversée des Jorasses,... en solo !!! Ces rochers sont faciles. Dans le bas, ça se redresse. On pourrait désescalader mais cinq rappels tous neufs ont été installés. On ne va pas s'en priver. Il fait chaud. On est mort de soif. La fatigue commence à se faire sentir. Corde !

Sur les rochers du Reposoir

Sur les rochers du Reposoir

Il ne reste plus qu'à contourner les crevasses, bien présentes mais finalement encore bien bouchées pour la date et se laisser glisser jusqu'à Boccalate. Pour compléter les informations horaires, il nous aura fallu trois heures pour atteindre Boccalate dont une bonne demie-heure probable de perdue avec la cordée devant nous et la corde à décoincer. Certes, ces aléas sont à prendre en compte pour garder de la marge en cas de météo douteuse mais personnellement, je ne m'engage pas dans une telle course si le second jour est annoncé comme possiblement orageux en toute fin de journée. Je préfère me donner une marge en cas de bivouac imprévu. Bon pour le coup, la marge était énorme...

Grosse pause au refuge et sympathique discussion avec le gardien. Une cordée française en termine aussi après être partie de Canzio (nous avions discuté avec eux la veille).

Thib' devant une grosse crevasse. On sent la quille et la détente

Thib' devant une grosse crevasse. On sent la quille et la détente

Les séracs du glacier de Planpincieux

Les séracs du glacier de Planpincieux

Les discussions vont bon train et nous nous attendons tous les quatre à une descente cool en taillant une bavette ("Je vais y aller cool" avais-je annoncé ; "Ca me va, j'ai mal au genou" m'avait-on répondu). Très rapidement, avec la chaleur et la soif malgré le remplissage des bouteilles au torrent (rapidement vidées), l'envie d'en terminer prend le dessus. En une heure, les 1300 m jusqu'à Planpincieux sont avalés en courant. Les Français nous paient Coca et bus en "échange" d'un retour motorisé sur Chamonix (ils étaient partis de l'aiguille du Midi avec une première traversée vers Torino). Les quatre-vingt-dix minutes d'attente au tunnel nous poussent à empiler glaces et bières puis pizzas à Courmayeur avant de renter plus tard dans la soirée.

Une bonne adresse : la pizzeria du tunnel à Courmayeur. Dément ! Merci Lolo (Dupré) pour le tuyau et pour tout le reste, comme d'hab'.

Une très grande course, pas très difficile mais très engagée et très montagne. Une des plus belles que j'ai pu faire avec le pilier du Frêney, la traversée des aiguilles du Diable, la traversée de la Meije ou la Pierre-Allain. Merci Thibault, compagnon sans faille !

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi

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Publié le 23 Août 2016

Semaine montagne avec Thibault. Nous espérions réaliser une grande course. La météo nous offrant la plus belle semaine de l'été (plusieurs jours consécutifs de grande stabilité), il est temps de mettre en place un projet de longue date. La veille, la fraîcheur était encore de mise en altitude après le coup de mauvais du samedi avec un peu de vent. Afin de partir le plus léger possible, nous repoussons d'une journée et allons grimper au Brévent.

Première benne à Entrèves à sept heures. Direction la pointe Helbronner avec le nouveau Skyway, un téléphérique à cabine tournante ! Nous attaquons la course à huit heures. La traversée des arêtes de Rochefort est somptueuse. Il est franchement dommage de ne la faire qu'en aller-retour mais il n'y a guère le choix si on n'enchaîne pas avec les Jorasses. Du sommet de l'aiguille de Rochefort, la vraie traversée est loin d'être finie. Il faut rejoindre le second 4000 de la journée, le Dôme et de là, gagner les six rappels donnant accès au plateau du bivouac Canzio en traversant des brèches avec de nombreuses manip'. Nous débarquons au bivouac à quatorze heures. Pile les horaires du Rébuffat ! Nous nous posons une heure puis repartons dans l'idée de bivouaquer quand nous pourrons (nous avons en tête les vires sous le sommet de la pointe Marguerite).

La face ouest de la pointe Young se grimpe alors agréablement en tee-shirt. Nous ne tirons pas de longueur. Les "grosses" se posent admirablement sur les reliefs et l'escalade n'est jamais difficile. Nous grimpons à corde tendue à quinze/vingt mètres en plaçant régulièrement des protections. Nous sortons au sommet de la Young par une variante en 5c/6a nous permettant d'éviter le mixte/pourri de l'itinéraire classique (à vrai dire, nous étions un peu monté trop haut sur la gauche). Au final, c'est sans doute plus joli de faire ainsi avec de beaux passages en rocher. 

La suite prend un peu de temps. Arête, désescalade, rappel, grimpe, rappel... Pour rejoindre les vires de bivouac sous le sommet de la Marguerite où sont en train de s'installer deux cordées, il faut emprunter un couloir d'une centaine de mètres de dénivelé qui ne nous inspire pas. Nous le saurons le lendemain mais une cordée aura, par erreur, évité ce passage en restant continuellement sur l'arête : et ça passe très bien en acceptant une longueur dure sous le sommet (5c peut-être). Nous gravissons ce couloir un peu pourri. Nous sommes à 4000 m en versant ouest. L'isotherme zéro est élevé (4500 m) ; il est dix-huit heures. Un petit bloc se détache du couloir et va heurter une "machine à laver" posée en équilibre sur une dalle. Cela a pour effet de la désolidariser. Le mastodonte se détache quelques mètres au-dessus de Thibault qui a tout juste le temps de faire un jump réflexe pour l'éviter. Gros fracas. Grosse frayeur. "Ca va les gars ?" nous crie-t-on depuis les vires bivouac une longueur au-dessus...

Nous rejoignons ces vires et décidons de nous en tenir là. Personnellement, la fatigue se fait sentir. Je n'ai sans doute pas totalement récupéré du mont Blanc de la semaine précédente. On n'a plus vingt ans.

Les vires sont précaires et nous savons que la nuit ne sera que veille. Nous nous installons quelques mètres l'un en-dessous de l'autre. Nous allons profiter du spectacle : coucher du soleil, voie lactée, lever de lune et suivre l'évolution des frontales sur l'ensemble du massif. Très peu de sommeil mais une nuit absolument magique. Il ne fera que deux degrés au plus froid de la nuit, nous permettant de n'avoir aucun problème avec le "petit" sac de couchage emporté. Demain sera une autre course.

Au début des arêtes de Rochefort

Au début des arêtes de Rochefort

Dans le rétro, la dent du Géant, 4000 pris d'assaut

Dans le rétro, la dent du Géant, 4000 pris d'assaut

Thibaut sur l'aiguille de Rochefort (4001 m)

Thibaut sur l'aiguille de Rochefort (4001 m)

Après le dôme de Rochefort (4015 m - tout comme le dôme des Ecrins), une courte arête pourrie qui prendre un peu de temps

Après le dôme de Rochefort (4015 m - tout comme le dôme des Ecrins), une courte arête pourrie qui prendre un peu de temps

Attaque de la pointe Young : quel rocher !

Attaque de la pointe Young : quel rocher !

Traversée des bandes mixtes sous la pointe Young

Traversée des bandes mixtes sous la pointe Young

Vue sur le glacier du mont Mallet, les Périades, le Grépon... Classe !

Vue sur le glacier du mont Mallet, les Périades, le Grépon... Classe !

Traversée sous la Young pour rejoindre une longueur en 5c/6a donnant accès à l'arête.

Traversée sous la Young pour rejoindre une longueur en 5c/6a donnant accès à l'arête.

Le gendarme sous le sommet de la Marguerite (bivouac juste à gauche de la brèche) et le putain de couloir sud de merde

Le gendarme sous le sommet de la Marguerite (bivouac juste à gauche de la brèche) et le putain de couloir sud de merde

Le même gendarme depuis le bivouac

Le même gendarme depuis le bivouac

Coucher de soleil sur l'aiguille du Midi et le mont Blanc

Coucher de soleil sur l'aiguille du Midi et le mont Blanc

Installation précaire sécurisée par deux friends en cas de glissade nocturne

Installation précaire sécurisée par deux friends en cas de glissade nocturne

Quelques mots techniques

- Topo. Nous avions pris le c2c. Personellement, je ne l'ai pratiquement pas regardé, me fiant à l'instinct. Il est pratiquement inutile sur la traversée des arêtes de Rochefort. Tout est évident. Sur la traversée des Jorasses, il est préférable de le consulter de temps à autre mais j'ai trouvé, et ce n'est pas la première fois, que ce genre de topo est souvent difficile à suivre sur le terrain. Les dièdres et autres fissures remarquables ne le sont parfois que pour ceux qui les ont déjà vus. Le souci du grand détail est aussi parfois contre-productif. On va trouver deux lignes pour une courte longueur puis une courte phrase pour les trois-quarts d'heure suivants. Difficile à anticiper sur le terrain, sauf quand ce dernier est évident (mais du coup, on n'a pas besoin de topo). Il est très bien que ce topo existe et reste sans doute un des meilleurs disponibles mais il faut savoir le lire avec du recul à mon sens. Grosso modo : Topo inutile sur les arêtes de Rochefort. C'est évident. Six rappels permettent de descendre sur le plateau de Canzio. Corde 50 m suffisante (et bien spur pour le reste aussi). Young s'attaque en rive droite d'un couloir évident et on suit une ligne de fissures obliques ascendantes droite-gauche (tout ça bien visible depuis les précédents rappels) en 4c. On change légèrement d'orientation pour trouver un terrain plus mixte et un rocher plus douteux. Nous avons poursuivi au mieux en ascendance gauche jusque sous des rochers raides trente mètres sous la crête puis gagné celle-ci par une longueur en 5c/6a (cordelette rouge en place). Une courte désescalade sur le fil amène à un relais de rappel et celui-ci, à une brèche aérienne. Une longueur en 4c (dix mètres) puis une traversée en face sud conduit à un autre petit rappel qui dépose au pied de l'évident (putain de) couloir (de merde) à remonter au mieux jusqu'aux vires de bivouac. Helbronner => Canzio : 6h ; Canzio => bivouac 3h

- Matériel. Je suis parti avec les Adidas Scope GTX aux pieds (ne me tapez pas sur la tête !). Un véritable régal de confort et de précision sur le rocher. En revanche, les quelques passages en glace affleurante sur les arêtes (et le lendemain dans la descente) m'ont vu me mettre à plat ventre avec le piolet. Mieux vaut de vraies chaussures d'alpinisme avec davantage de rigidité en semelle et en cheville. Pour l'assurage : corde de 50 m la plus fine possible (on la mettra en double pour grimper), six dégaines, un jeu de friends (Camalot 0,3 ; 0,4 ; 0,5 ; 0,75 ; 1 et 2), cinq petits câblés, six sangles 120 cm avec mousqueton sur chacune. Une paire de crampons et un piolet par personne. Pour le couchage, un tapis de sol sommaire (mousse avec face alu) et un sac de couchage (Valandré Mirage pour tous les deux, 0°C confort, 770 g). Vêtements : t-shirt manches longues, seconde couche (petite polaire), doudoune light, veste gore-tex. Une paire de gants légers.

- Hydratation. Deux litres chacun. Très loin d'être suffisant. Faire fondre de la neige à Canzio pour refaire le plein ; sinon, on trouvait quelques traces de neige au niveau du bivouac.

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Rédigé par lta38

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