Cet hiver restera définitivement un des plus mauvais hivers depuis quarante ou cinquante ans. Mais il ne faut pas conclure trop vite sur les conséquences. Si l'hiver météorologique est terminé depuis le début mars, l'accumulation de neige, elle, ne l'est pas. Et pour preuve, les récentes chutes de neige en montagne et celles à venir.

Ainsi, si pour le ski de poudreuse en moyenne montagne c'est bel et bien terminé sauf coup ponctuel, pour le plus important à savoir, l'accumulation d'eau et la sauvegarde, tant elle est possible, des glaciers, le bilan se fera à la fin mai. Quand on compare les hivers à la mi-février, on sait déjà que les mauvaises années de référence l'ont été jusqu'au bout mais on ne sait pas ce que sera l'année en cours. Ainsi, en trois coups sur dix jours, les récentes chutes de neige ont apporté un mètre de neige au-dessus de 2400 mètres sur les Alpes du nord et reblanchi la moyenne montagne (sans sous-couche). Et on en attendrait autant d'ici la fin du week-end. 2023 sera donc a priori un peu moins pire que 1989, 1990, 1993, 2007 ou encore 2011. Reste à savoir comment sera l'été 2023 quand on sait que les étés des années citées ci-avant ont été bien frais et humides...

Deux petites sorties cette semaine, sur le domaine de Prapoutel afin de minimiser le trajet depuis la maison et de ne pas avoir de portage. La station aura bien réussi à maintenir l'enneigement jusqu'au bas des pistes (1300 mètres). Cela nous a permis des approches sur le secteur Jasse - Bédina voire plus loin, ainsi que les tests des skis de randonnées pour la saison prochaine avec Montagnes Magazine. Nous verrons cela plus tard.

Il fallait profiter du samedi avant le retour des hostilités célestes le lendemain. Un doigt malmené exclut l'escalade pour quelques jours et les conditions pour le ski demandent de trop se casser la tête : entre les limites skiables élevées pour la saison, la météo mi-figue mi-raisin et les conditions de neige, l'envie n'y est pas. Il restait l'idée d'aller un peu vers le sud chercher le soleil et de reprendre les belles randonnées pédestres.

Ce sera le cas avec ce grand tour de la Gervanne au départ de Léoncel en sud(-ouest) Vercors. Le coin est toujours aussi beau et le printemps y pointe déjà le bout de son nez. L'itinéraire s'est dessiné assez facilement et logiquement : départ de Léoncel par le GR vers le pas du Grand Echaillon puis traversée vers le col de la Bataille. Montée ensuite au roc de Toulau où nous ferons les montagnes russes jusqu'à la tête de la Dame, extrémité sud du plateau d'Ambel. La suite se passe sur les crêtes en direction de l'ouest, jusqu'au bec Pointu et même au-delà avant de redescendre sur le col des Ayes puis le hameau d'Ansage au pied de la belle falaise d'Anse où il faisait sans doute bon grimper ce jour (commune d'Omblèze). Il faut attendre de remonter le canyon des Gueulards pour dépasser les premiers randonneurs du jour ; c'est dire si cette "balade" aura été sauvage. Fin par la Vacherie puis la petite route tranquille ramenant à Léoncel.

Au moins, les préparatifs auront été rapides (petit sac à dos avec vivres, coupe-vent et un litre d'eau - avec remplissage à la fontaine d'Ansage) et la journée sans prise de tête. Enfin, il reste quand même une petite contrainte dans ce type de randonnée en boucle intégrale : être capable d'aller au bout. Pour la reprise, c'était déjà une belle sortie avec 1700 mètres de dénivelé et 34 kilomètres linéaires !

Et ça fait du bien pour les yeux et pour la skiabilité. L'occasion de refaire une sortie avec Stella en ce jour de disponibilité commune en semaine. Avec les luminosités de mars, la neige est bien blanche ; le paysage est magnifié par l'ambiance hivernale lumineuse. C'est vrai que ces Vans restent une jolie course facile avec une arrivée au sommet très panoramique.

Chose curieuse déjà remarquée à maintes reprises : il y a trois fois moins de personnes sur cet itinéraire au mois de mars par une belle matinée lumineuse et bien enneigée qu'en décembre, dans l'ombre, les pierres et le verglas. Si les randonneurs peuvent m'éclairer sur ces choix... car cet itinéraire est bien plus accueillant dans ces conditions qu'en début de saison.

Trace parfaite pour monter ; merci Francky qui a été le premier à venir ici après les dix-sept centimètres (mesure effectuée par la police ; les manifestants annoncent trente me dit-on dans l'oreillette) tombés la nuit. Deux petites chutes en cinq jours qui remettent un peu de neige (+50 cm au-dessus de 2400 m en deux fois) mais malheureusement, sauf miracle qui devient de moins en moins à l'ordre du jour, il faudra compter sur pas mal de portage assez rapidement (c'est même déjà le cas comme pour un début d'année en de nombreux endroits...).

Une nouvelle chevêchette sur un nouveau secteur pour moi. Pour le bonheur des enfants. Encore une promesse de nidification mais il faut chercher encore.

A noter que nous étions partis en balade et prospection et que, par conséquent je n'avais emporté que les jumelles et le petit 100-400 RF Canon (650 g...) au cas où. C'est avec cet objectif qu'est réalisée la photo de la chouette, au 400 plein pot. Je suis complètement stupéfait de la qualité d'image de cette mini optique qui n'a pas à rougir devant les grands blancs. Le constructeur "rouge" a vraiment frappé un grand coup car aucune autre marque ne propose un tel zoom aussi rikiki. Certes, c'est au prix de la luminosité mais bon, en journée, en considérant que jusqu'à 1600 ISO (l'image ici est prise à 500 ISO), il n'y a pas vraiment de perte sur un boîtier plein format, cela conviendra à la plupart des situations et c'est simplement le floutage de l'arrière-plan (le fameux "bokeh") qui le trahira. C'est vraiment l'optique de type "super télézoom" parfaite pour l'avoir toujours sur soi. Je ne regrette pas de l'avoir achetée en doublon du 100-500 (déjà très compact pour sa catégorie).

Ca fait du bien au paysage, au moral mais surtout aux réserves en eau. Et il en manque !!

Retour d'un peu de précipitations donc, d'abord assez haut puis saupoudrant les pentes jusque vers 900 mètres en Isère. La qualité de ski s'est nettement améliorée au-dessus de 1600 mètres mais que restera-t-il après le prochain coup de chaud ? L'hiver 2023 reste à ce jour un des plus mauvais de ces quarante dernières années. Et attention aux cailloux embusqués. Casque mais surtout réflexion, prudence et vitesse modérée de rigueur !

Parti pour monter jusqu'au col du Pouta où les remontées mécaniques sont fermées, j'oblique à droite vers la combe de Bédina voyant des traces en direction du couloir nord du jas des Lièvres. Une belle surprise avec d'excellentes conditions de ski au-dessus de 1800 mètres depuis le sommet du couloir. Je remets les peaux en direction de l'épaule de Bédina puis descends par le couloir médian resté vierge, au coucher du soleil. Une bonne sortie de dernière minute (16-19h) avec 1500 mètres de très bon ski (fin par les pistes damées). On n'y croyait plus !