Publié le 28 Juin 2020

Il nous a quittés la semaine d'avant confinement et son enterrement n'avait pu réunir toute sa "grande famille", celle de ses amis et aussi de connaissances moins proches mais pour qui il comptait beaucoup de par son engagement dans le monde de l'escalade. On ne refera pas le monde. J'ai écrit ici ce que j'avais sur le coeur. Et sur le site de l'ECI, son fils Sylvain donne des détails sur l'accident.

En ce samedi d'été, près de cent cinquante personnes étaient réunies pour un adieu collectif à Chamrousse. Moment émouvant...

Peu après, me voici de retour sur le site de Chamrousse pour faire découvrir les voies de Jean-Mi à Antoine, jeune grimpeur qui promet. Un petit "brocken towers" à la fraîche. J'avais oublié que le pas de sortie de L3 était aussi bloc. Je l'avais pourtant réussi la dernière fois mais là, le confinement aura eu raison de ma motivation, doublé d'une erreur de lecture éliminatoire. Mais peu importe. La voie est belle et un peu soutenue. C'était parfait. Merci Jean-Mi pour ces beaux itinéraires !

Dans "brocken towers"
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Hommage
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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi, #portraits

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Publié le 25 Juin 2020

La prime pour retrouver le tueur de l'ours pyrénéen est toujours dans l'attente d'être distribuée. Tandis que certains élus, donc responsables de notre pays à leur échelle, encouragent "la montagne à rester muette". Autant je comprends parfaitement la détresse d'un éleveur lorsque celui-ci voit son troupeau attaqué, autant je n'accepte pas qu'une personne censée représenter l'ensemble des citoyens n'ait pas une attitude neutre ou en tous cas, conforme à la loi, loi qui n'a pas été respectée dans le cas présent. Cette attitude inacceptable de la préfète de l'Ariège est toutefois évocatrice des problèmes posés par les grands prédateurs, le principal étant le loup. Mais pour connaître un peu le sujet, il faut avoir conscience de comment le gouvernement essaie "d'acheter" une certaine paix sociale sans résoudre le problème. Pour cela, il faut s'intéresser à l'espèce.

Le loup est un carnivore de taille respectable. Il chasse principalement les grands ongulés. Tous y passent (chamois, chevreuil, cerf, mouflon, sanglier) ou presque (le bouquetin doit être une proie plus anecdotique). L'équivalent du mouflon version domestique est le mouton, du chamois la chèvre (c'est d'ailleurs le petit nom que l'on donne à la femelle chamois). Ces espèces font donc aussi partie du menu. Et de manière très occasionnelle pour des meutes spécialement nombreuses, de plus gros herbivores (équins, bovins).

Les chiffres Maploup pour 2020 sont éloquents : à la moitié de l'année, sur le dispositif des départements 26, 38, 73 et 74, on note 649 ovins tués pour 740 animaux domestiques au total soit à peine une centaine pour toutes les autres espèces réunies. Les bovins et caprins comptent pour 75% des restants. On peut donc se focaliser essentiellement sur le cas du mouton et essayer de comprendre pourquoi.

Si les bovins et équins peuvent mieux résister de par leur taille, les caprins et ovins sont plus vulnérables. Les élevages de chèvres sont rarement d'immenses troupeaux. Ils sont plus faciles à surveiller. Ils sont aussi bien moins nombreux. Le mouton en revanche est élevé en troupeaux modestes (300 têtes) à très intensifs (plus de 2000 bêtes). Pour ce dernier cas, il est impossible de les parquer chaque nuit et de les parquer tout court. Ils ont besoin d'espace. Ces grands troupeaux sont donc les plus vulnérables. Dernier point et non des moindres, l'attitude d'un mouton. C'est un animal qui n'est pas développé pour faire face au loup. Sa domestication par l'homme l'a rendu moins intelligent, moins vif. La fuite est quasi impossible. Dans un troupeau, c'est la fête pour le loup qui s'en donne à tous les cuissots qui lui passent sous les dents. Les moutons (de Panurge... pas appelés ainsi pour rien) fuient sans aucun bon sens. Il arrive qu'ils se précipitent tête baissée par-dessus une falaise. Le résultat pour l'éleveur peut être catastrophique.

Le mouton est donc une proie facile. Pourtant, certains loups ne s'y attaquent peu. Les meutes bien enracinées, avec plusieurs subadultes présents pour prêter main forte ont tout intérêt à rester sur de l'animal sauvage. Et les loups le savent. Quiconque a observé un loup dans la nature (généralement brièvement et de manière fortuite) a pu noter que l'animal s'est rapidement éclipsé. Parfois après quelques secondes d'observation, sans affolement. Mais éclipsé. Le loup hait l'homme. Contrairement à ce qu'on peut lire dans les journaux, les loups ne sont pas en train de modifier leur comportement et de venir faire des affûts près des villages pour attendre un enfant qui se serait un peu éloigné du reste de la troupe ! Le loup sait très bien que l'homme est son pire ennemi. C'est désormais inscrit dans ses gênes. Et donc, si la meute est bien organisée et installée sur le territoire de nombreux cervidés par exemple, ce sont ceux-ci qui auront sa préférence. Pour sa tranquillité. C'est typiquement le cas de la meute que je suis ; les prélèvements d'animaux domestiques par an se comptent sur les doigts de la main. Mais il n'y a pas que des meutes de loups. Il y a aussi des loups qui vivent (et errent) dans l'espoir de trouver/fonder une meute. Ces loups, souvent seuls, rarement à plus de deux, manquent d'expérience et de moyens. Ce sont souvent ceux-là qui s'attaquent aux troupeaux, par facilité. La faim les pousse. 

Lorsqu'un éleveur subit une attaque, il peut remplir un dossier pour demander la présence du louvetier. Le louvetier peut être contacté pour des tirs d'effarouchement ou des tirs de prélèvement. Le prélèvement se fait aux abords du troupeau, en surveillant jour et nuit l'arrivée éventuelle des prédateurs. Cependant, une étude menée par Jean-Marc Landry, grand spécialiste du problème, montre que plus de la moitié des loups observés à proximité d'un troupeau n'a pas l'intention de s'y attaquer. Il s'agit juste de loups de passage. Dans ce cas, le tir éventuel ciblera donc moins d'une fois sur deux un loup responsable. Mais il y a pire. Le tir de défense renforcé : il est accordé et accompagné de plusieurs louvetiers avec un cadre élargi au-delà du troupeau (en gros dans les montagnes environnantes). Un ou plusieurs loups peuvent être abattus sans qu'ils soient à proximité du troupeau. Le pourcentage de chance que ces animaux avaient l'intention d'attaquer est encore inférieur... Ainsi, on ne tire pas les loups qui posent problème ou au moment où ils posent problème mais des loups "au hasard" de la rencontre. Dans le cadre de tirs de défense renforcée, l'élargissement géographique fait qu'on peut tirer carrément une autre meute que celle qui avait fait parler d'elle. Et le pire, sans distinction alpha/subadultes. Et en dégommant un loup alpha, la meute est complètement destructurée et cela se solde régulièrement par une dispersion d'individus qui se retrouvent dans le cas du loup seul, qui s'attaquera donc plus facilement à un troupeau. Voilà pourquoi le système actuel fait grincer des dents :
- chez les défenseurs du loup qui voient la destruction d'une espèce protégée sans que le problème ne soit résolu
- chez les éleveurs qui voient que le problème n'est pas résolu (et demandent parfois une augmentation des quotats)

Voilà les faits. Il faudrait aller plus loin dans l'étude du comportement des loups pour trouver des solutions viables. Il faut savoir aussi que beaucoup d'éleveurs préfèrent éviter les tirs de loups (y compris lorsqu'ils sont inquiétés) et ce, par respect du monde vivant. Ne pas se fabriquer des clichés "pour ou contre le loup". Et la protection des troupeaux, d'autant plus qu'ils ne sont pas trop importants, fonctionne régulièrement (mais pas toujours il est vrai) si les mesures sont bien appliquées : bergers de surveillance, chiens de protection en nombre suffisant (préconisations = 1 chien pour 100 ovins - mais on reste régulièrement en deçà d'après mes observations). 

La saison d'été est lancée. Les moutons sont de retour dans les alpages (vus par exemple au col du Glandon). On aimerait tous (en tous cas c'est mon souhait) voir les attaques diminuer et les prélèvements de loups non atteints. De mon côté, malgré une petite déroute printanière avec une caméra volée, je poursuis mon apprentissage sur cet animal. Il est vraiment surprenant. Le couple alpha n'a pas fini de m'étonner.

Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !
Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !
Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !

Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !

Le rhododendron : Belledonne colorée en rose de juin à juillet.

Le rhododendron : Belledonne colorée en rose de juin à juillet.

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Rédigé par lta38

Publié dans #loup

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Publié le 23 Juin 2020

C'est peut-être le plus beau coin de Belledonne pour grimper, avec quelques voies splendides, en particulier les traversées d'arêtes, et dans les faces sud des aiguilles d'Olle, Saint-Phalle, de la Combe et Capdepon notamment. Alors, quand mes amis de la CRS Alpes - secours en montagne - viennent s'y entraîner et qu'ils me proposent de me joindre à eux, c'est un réel plaisir. Les secours en montagne français sont les meilleurs au monde. Avec un dévouement à toute épreuve. On ne le dit peut-être pas assez sur ce blog. Vu de l'extérieur, on a parfois tendance à revendiquer les secours payants. La question reviendra encore et encore sur le tapis mais l'argument avancé reste fallacieux : en résumé, les gens ont choisi de faire une activité récréative (et donc facultative) a priori dangereuse et doivent en assumer les conséquences. De mon point de vue, cette analyse est simpliste. Car un secours est un secours. Qu'il soit en montagne, à la maison ou sur la route. Un accident de la route est dû à une erreur humaine. Il faudrait alors ne plus prendre en charge de la même façon le responsable d'un accident de la route si on voudrait être cohérent. Idem pour les fumeurs atteints de cancers du poumon. Quant à celui qui se coupe un doigt avec une scie ou tombe d'une échelle en bricolant chez lui, c'est assurément encore plus con (le mot est bien trouvé) qu'une chute en montagne car là au moins, il n'y a pas les aléas nivo-météo-etc liés au milieu. En bref, je suis fier de contribuer, de par mes impôts, au service de gratuité des secours de notre pays quels qu'ils soient. Ce qui n'empêche pas, bien au contraire, de faire au mieux pour former les gens à leurs choix d'activités afin de réduire les risques.

Retour donc sur cette aiguille Capdepon pour la voie "Extatique", magnifique ligne variée ouverte par Marc Malvolti (merci à lui) et décrite bien sûr dans le tout nouveau topoguide Belledonne Escalade. Une ligne variée (murs raides, fissures, dalles) de laquelle on descend par trois rappels de 30 m ou deux de 50 m sur le coup de Sabre. Et pour varier encore davantage et parfaire la connaissance du secteur des secouristes (les séances d'entraînement le sont entre autres pour repérer les lieux, visualiser les amarrages de rappels, etc), on enchaîne par la traversée des Petites Aiguilles et les deux longueurs trad' en 5a/b du pilier est de la pointe Elisabeth avant de filer à corde tendue vers l'aiguille de la Combe. Descente en terrain varié, petit couloir de neige, bref, tout y est. Et avec les nombreux névés résiduels, une descente ultra rapide jusqu'à 2100 m d'altitude. A noter au passage que dans le nouveau topo, les aiguilles de l'Argentière occupent une place de choix avec le plus gros des secteurs et près de 30 lignes décrites !

En résumé, une belle journée bien entouré ! Merci les gars !

Attaque de Extatique
Attaque de Extatique

Attaque de Extatique

L4

L4

Descente du coup de Sabre

Descente du coup de Sabre

Première longueur du pilier est de la pointe Elisabeth
Première longueur du pilier est de la pointe Elisabeth

Première longueur du pilier est de la pointe Elisabeth

Dans la traversée vers l'aiguille de la Combe
Dans la traversée vers l'aiguille de la Combe

Dans la traversée vers l'aiguille de la Combe

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi

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Publié le 21 Juin 2020

C'est le nom d'une voie ouverte par BBX en face est du Gerbier, à gauche du Grand Couloir. C'est aussi ce qui va se passer à notre arrivée au pied de la paroi : un bruit fend l'air. L'idée de wingsuiters est rapidement évacuée. Je me jette à terre sous un mini bosquet. Une pierre, sans doute d'une taille suffisante pour que le casque, non encore porté, ne soit d'aucune utilité, s'abat à l'attaque de la voie. Personne n'est touché et cela ne tapera qu'une seule fois mais on se rappelle que même dans une voie équipée, le danger n'est pas totalement écarté. D'où vient-elle ? Un bouquetin sur une vire ? Le vent ?

En ce qui concerne la voie, l'apparente maîtrise de notre duo (5h15 voiture-voiture !) ne doit pas occulter les quelques "serrages de fesses" de votre serviteur en raison de l'éloignement des points. Si les passages à partir de 6b se font toujours au niveau ou juste au-dessus d'un point, il n'en est pas de même jusqu'au 6a+, avec souvent des pieds fuyants sur un rocher peu adhérant ! Mention spéciale à la dernière longueur qui m'est revenue en tête par le hasard : 3 points pour le crux qui, du même coup, passe facilement puis 6 points pour les 40 mètres suivants qui font faire un peu d'huile !!! L'escalade est en général une succession de mouvements amples pour aller chercher des bons trous. Le rocher est magnifique et la ligne en elle-même de toute beauté. Bravo à Bruno pour dénicher des lignes de cette qualité à une époque où tout semble déjà ouvert.
Cotations :
- 6b (passage teigneux qui surprend après le début rando, 45 m)
- 6a (magnifique et soutenu, 45 m)
- 7a (bloc, infaisable pour moi, pas enchaîné non plus par Ju' qui a largement le niveau, 25 m)
- 6c+ (cotation sévère, 40 m)
- 6b+ (de conti avec un pas un peu plus dur à mi-longueur, points loin, 50 m)
- 6c (un pas où il faut bien réfléchir, ne pas négliger la fin, 45 m)
- traversée sur vire
- 6b+ (45 m, longueur engagée entre les points, ne pas tomber en clippant le 4è !)
- 4b (pour sortir sur les arêtes).

Bibi dans L6 (6c), photo Julien Pierson

Bibi dans L6 (6c), photo Julien Pierson

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Rédigé par lta38

Publié dans #Vercors, #escalade-alpi

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Publié le 20 Juin 2020

On était parti pour Chamrousse avec Stella, en pleine progression dans le domaine de l'escalade, et sa copine Clémence et puis, sur l'autoroute, la station iséroise est déjà dans les nuages avec le vent de nord qui va bien. Il ne reste que quelques minutes pour imaginer un plan B. Les Trois Pucelles s'imposent comme LA solution.

En moins de trente minutes de marche, on se retrouve à pied d'oeuvre et au soleil. Un tout petit vent suffit à rendre l'atmosphère idéale. Après un casse-croûte, on attaque le rappel de 25 m en face ouest. Il n'y a pas foule et c'est tant mieux. La suite se passe en traversant un système de vires avec quelques pas d'escalade très facile (3b new âge) jusqu'à une petite redescente. On opère alors la jonction avec le couloir Grange. Une remontée patinée qu'on pourrait coter 4b aujourd'hui permet de sortir à une brèche.

Approche, rappel, et arrivée à la brèche
Approche, rappel, et arrivée à la brèche
Approche, rappel, et arrivée à la brèche
Approche, rappel, et arrivée à la brèche

Approche, rappel, et arrivée à la brèche

On pourrait aisément se contenter du parcours classique qui consiste à redescendre (court passage de 3b) de l'autre côté puis prendre une rampe qui amène sur les arêtes mais on va corser l'affaire en allant en aller-retour jusqu'à la dent Gérard. Cela se passe par une courte descente sur une rampe facile avant de remonter à une brèche (3b ou corde fixe) et en descendre en rappel sur le versant nord pour rejoindre le pied de la longueur en 4c, bien raide et gazeuse, qui amène à un couloir donnant accès au sommet. Retour d'abord en désescalade dans le couloir puis en rappel. Bien aérien

La dent Gérard et son sommet
La dent Gérard et son sommet

La dent Gérard et son sommet

Tout cela est fort intéressant pour les filles qui apprennent les manips' et pour moi qui voit le rituel d'un guide et toutes les entorses qu'on ne peut pas faire comme quand on est entre potes et a fortiori en solo... Il faut rebasculer par la brèche rappelée une heure avant. La remontée est corsée. Je ne connais pas l'ancienne cotation mais le petit réta vaudrait très certainement 5a en new âge. Un système de rampes en 3 max nous amène sur les arêtes ou il faut poser un dernier rappel pour rejoindre une brèche profonde (à moins d'y avoir préalablement installé la fameuse tyrolienne).

Au pied de la brèche et la cheminée un peu retorse pour y aller ; dernier rappel
Au pied de la brèche et la cheminée un peu retorse pour y aller ; dernier rappel

Au pied de la brèche et la cheminée un peu retorse pour y aller ; dernier rappel

Dernière longueur en 4b (4c ?) puis encore un petit pas en descente où je mouline tout le monde. Une dernière désescalade très facile ramène à la salle à manger. Au final un ensemble complet où je me suis régalé à y conduire les deux copines.

Dernière longueur en (bon) 4
Dernière longueur en (bon) 4

Dernière longueur en (bon) 4

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Rédigé par lta38

Publié dans #Vercors, #escalade-alpi

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