On en parle, on en a déjà parlé sur ces pages et la saison ayant bien démarré, avec la démocratisation totale de cette activité, il est temps de faire un petit mode d'emploi/récapitulatif.
- A partir de quand ? Dès que l'enfant a fait ses premiers pas sur les skis. Il n'y a pas vraiment de règle mais, de mon expérience, je dirais dès la deuxième saison. La première, en général vers l'âge des trois ans, on apprend à l'enfant à glisser. Se limiter aux petites stations doit suffire. Mais dès la suivante, on peut initier l'enfant à la randonnée, la descente se faisant d'abord sur des secteurs damés. En revanche, les sorties avec l'enfant dans le porte-bébé sont à proscrire. Ou alors, de très courtes balades par beau temps. En général, on ne les fait pas car toute l'organisation demandée est démesurée au regard de la sortie. Ou alors, il faut viser une auberge de moyenne montagne où l'on monte par une route (exemple : les Allières en Vercors). Après vingt minutes de montée, on se pose, l'enfant peut tâter la neige. On passe à autre chose. Puis, après un bon repas, on redescend à la voiture en quelques minutes. Un bon plan. Mais il ne faut pas se lancer dans de véritables randonnées. L'enfant n'en retire absolument aucun intérêt. C'est beaucoup trop long pour lui. Et quelque part, on a beau être un as du ski, on n'est jamais à l'abri d'une gamelle. Randonner avec les enfants, c'est d'abord randonner pour eux. Si c'est pour le faire pour nous, on le fait sans eux.
- Où ? Là encore, la progression sera calibrée. Il faut viser des secteurs où on pourra descendre sur des pistes damées : domaines des stations de ski en début de saison et n'ayant pas encore ouvert, routes enneigées damées par les passages ou alors la neige de printemps. La pente sera faible et le risque d'avalanche sera nul. Je dis bien nul même si par définition, le risque zéro n'existe pas. Autour de Grenoble, la montée au Charmant Som depuis le col de Porte, sans forcément aller au sommet, le Grand Rocher, le crêt du Poulet, la Croix de Chamrousse, les hauteurs de Prapoutel, les Plagnes depuis le Collet d'Allevard, le pré de l'Arc ; un peu plus tard, la crête de Brouffier, le col du Sabot, Pravouta, la Botte... Au printemps, les possibilités augmentent. Ne pas négliger le ski de névé de fin de saison (Iseran pont de la Neige...). Dans des secteurs de vacation comme le Queyras, il existe de nombreux vallons parcourus par des routes non déneigées, autant de buts de balades : Valpréveyre depuis Le Roux d'Abriès, le col Agnel depuis Fontgillarde, vallon de Saint-Véran... Penser aussi aux stations qui proposent des forfaits Rando : Valfréjus, Aussois, Chamrousse, Pralognan. Les nuits en refuge peuvent être un bon prétexte de motivation. Dans tous les cas, ne pas viser de gros dénivelés. La première année, 200 à 300 m suffiront amplement. Même vers l'âge de dix ans, à moins d'une sollicitation spéciale de l'enfant qui serait déjà devenu un mordu, ce qui est très rare, 800 m semblent un maximum. Ajoutés à une première montée avec des remontées mécaniques, ça peut déjà faire une belle descente.
- Comment ?
- Au tout début, j'ai tracté mes filles dans une luge. Pour essayer. Dès la fin de leur première saison sur les skis. Pas trop longtemps bien sûr. Avec des pauses ludiques. A la descente, l'enfant retrouve alors ses skis alpins avec lesquels il est familiarisé. La luge courait derrière moi à la descente, sur des routes presque plates.
- Ensuite, j'ai très vite expérimenté le tractage de l'enfant monté sur ses skis (de piste), avec un élastique (quelques euros chez Casto, le bleu). Là encore, ça ne peut pas durer trop longtemps mais j'ai fait jusqu'au Charmant Som de cette façon. J'ai ensuite monté des vieux skis de piste avec des Emery Chrono et des vieilles peaux. Ainsi, l'enfant pouvait monter par lui-même. Mais je ne trouvais pas sérieux de le laisser descendre avec. Entre les skis très courts et la fixation sans la moindre sécurité, je ne voulais pas risquer une mauvaise expérience de dégoût. Du coup, je portais les skis alpin pour qu'elles puissent descendre avec. Je l'ai fait avec mes deux filles ensemble donc deux paires de skis à porter ; vu la longueur des sorties, ce n'était pas très contraignant. Inconvénient pour l'enfant : très peu de débattement sur les chaussures (d'alpin donc) et ensemble lourd. Proportionnellement à lui, c'est même énorme en fait. Du coup, j'avais enlevé le système nécessaire à la descente (puisque la Emery n'était destinée qu'à monter) pour gagner quelques grammes mais ça n'a pas changé grand chose.
- J'ai alors bricolé un peu leurs chaussures d'alpin pour y entrer deux vis latérales à tête capables de recevoir les inserts d'un avant Dynafit. Exit les Emery, remplacées par la butée avant seule d'une Low Tech. Et là, c'est vraiment devenu léger. C'est à mon avis la meilleure combinaison pour ne pas avoir à porter skis et chaussures de l'enfant (x2 si on en a deux...) mais seulement les skis. Au niveau poids, ça devient clairement top. L'inconvénient reste le débattement de la chaussure en montée. On aura intérêt à trouver (pour une poignée d'euros généralement) des chaussures de débutant à un seul crochet, deux au maximum, quitte à être moins bien en descente. Ce ne sera pas le plus gênant pour les enfants. A noter enfin qu'au début, j'alternais entre portions tractées et d'autres où l'enfant montait par lui-même, progressivement, jusqu'à abandonner totalement le portage.
- A partir de la pointure 35, les chaussures à inserts sont disponibles. Il faut fouiner dans les bourses et sur Le Bon Coin. J'ai tout trouvé ainsi. De même pour les skis. Une paire de skis alpin rebutée ira également très bien. Pour les fixations, on trouve maintenant très régulièrement des Low Tech classiques (i.e. Dynafit TLT Speed) pour 100€ et moins en occasion. Et on aura conservé ses vieilles peaux qu'on n'aura plus qu'à redécouper à la bonne dimension.
- Pour le montage, même sans gabarit et sans perceuse à colonne, ça le fait très bien. On n'est pas non plus au micron près. Je ne suis pas bricoleur et j'y suis parvenu. Pourquoi pas vous ?
- Quelques détails matériel
- Skis : taille enfant -5/10 cm pour la maniabilité. Largeur patin entre 70 et 85. Autour de 75 amplement suffisant pour les débuts où on évitera la poudre trop profonde. 85 semble un maximum. De manière générale, on va descendre cool, avec des sujets légers. Le matériel sera peu mis à contribution. Une vieille paire de skis ira très bien.
- Fixations : Dynafit TLT Speed car c'est la seule fix à 700 g qu'on trouve d'occasion à des tarifs très abordables. Et elle demeure increvable.
- Peaux : recycler ses propres vielles peaux en les retaillant
- Chaussures : à partir du 35 avec inserts. Peu importe le modèle. De préférence pas trop lourd si on a le choix. Occasion évidemment. Du choix sur LBC et dans les bourses.
- Budget normal estimé : en suivant les conseils prodigués ici, compter pour l'ensemble skis, chaussures, fixations, peaux, compter autour de 250€. En comparaison des 1500€ nécessaires en moyenne pour un équipement équivalent neuf d'adulte, l'investissement reste très limité. Cela pourra toutefois paraître beaucoup pour quelques sorties dans l'hiver. Mais "c'est le prix" et dans tous les cas, on pourra en faire profiter la/le deuxième et surtout, le revendre pratiquement au même tarif une fois devenu inadapté.
- Matériel de sécurité. Le triptyque DVA-pelle-sonde demeure indispensable même en choisissant des sorties risque "zéro". L'enfant doit prendre l'habitude d'être bien équipé. Pour être sérieux, il faudrait même l'emporter en station dès lors qu'on fait du ski de bord de piste histoire d'être cohérent. L'enfant est un apprenant débutant. Il ne sait pas où placer le curseur. Dans de nombreuses sorties décrites sur ces pages, je n'emporte pas de DVA mais je me refuse de le dire. Je le fais parce que j'estime qu'il ne me servira à rien. Mais je peux faire ce choix qu'après des années de pratique. Il est totalement imprudent d'apprendre à un débutant à choisir ses sorties avec ou sans ce matériel.
- Casque : de même, systématique
- Et sur le terrain ?
- Apprentissage du pas glissé, sans lever le ski, et utilisation du débattement de la chaussure
- Conversions : rapidement, il faut apprendre à les faire. En revanche, il faut aussi apprendre à les minimiser.
- Trace : doser l'inclinaison. Pas trop raide, pour la glisse, l'effort, l'accroche.
- Eviter les trop longs plats d'approche car on y passe beaucoup de temps, pour ne pas vraiment faire de ski à la descente.