Insupportable !!!

Publié le 3 Décembre 2017

La neige vient d'arriver en force. D'abord en moyenne montagne mardi puis en plaine vendredi. De nombreuses régions de France sont touchées : Vosges, Massif Central, Alpes, Provence jusqu'aux Calanques. Les gens sont comme des gosses si l'on en croit les publications diverses et variées sur les réseaux sociaux et sites météo.

Neige en plaine Grenobloise : dix bons centimètres vendredi midi sur Montbonnot-Saint-Martin
Neige en plaine Grenobloise : dix bons centimètres vendredi midi sur Montbonnot-Saint-Martin
Neige en plaine Grenobloise : dix bons centimètres vendredi midi sur Montbonnot-Saint-Martin

Neige en plaine Grenobloise : dix bons centimètres vendredi midi sur Montbonnot-Saint-Martin

Ca commence par les petites sorties de proximité des uns et des autres. Certains sortent les skis sur les Bouches-du-Rhône, d'autre vont faire de la luge à côté de la maison. Les enfants sont à fond mais les adultes loin d'être en reste.

Bernin après les chutes de neige
Bernin après les chutes de neige
Bernin après les chutes de neige

Bernin après les chutes de neige

Le week-end suivant verra à coup sûr son lot de sorties en montagne. Il ne s'agit pas de précipitation. Et les trois hivers précédents ayant laissés les randonneurs hivernaux sur leur faim n'y sont pour rien. Les gens sortent tous les jours, par tous les temps. Bien sûr, quand il fait mauvais, que les conditions sont délicates, ils sont moins nombreux. Mais il est toujours possible de sortir dans de bonnes conditions de sécurité. D'ailleurs ce dimanche, nous avons mis le nez dehors avec Nico et avons fait un beau dénivelé dans des espaces vierges.

Ski dans Belledonne ce dimanche
Ski dans Belledonne ce dimanche
Ski dans Belledonne ce dimanche
Ski dans Belledonne ce dimanche

Ski dans Belledonne ce dimanche

Mais tout le monde n'a pas eu cette chance. En Chartreuse, trois randonneurs ont laissé la vie. L'un sur la dent de Crolles, les deux autres au Petit Som, tous a priori en raison d'avalanches. Des gens partis comme chacun d'entre nous pour s'aérer. Pas de suicidaires, pas des trompe-la-mort. Des gens qui aimaient la vie et qui se sont retrouvés devant un choix à faire à un moment : je continue ou je rebrousse chemin ? Ils ont fait un choix qu'ils pensaient être le bon. Il s'est avéré le mauvais.

Pour nous qui sommes toute l'année sur le terrain, ce genre de départ est insupportable et nous choisissons parfois d'émettre un petit message de soutien à l'attention des proches ; plus généralement préférons adopter une attitude de silence.

Et pourtant, à chaque fois, c'est la même avalanche de mots (maux), essentiellement (mais pas que) émis par des gens qui ne pratiquent pas la montagne à ce niveau-là (ou même pas du tout). Au nom de quoi se permettent-ils non seulement de juger des choix des autres alors qu'ils n'étaient pas sur le terrain à cet instant ? Au nom de quoi se permettent-ils de lyncher les disparus ? Au nom de quoi se permettent-ils de mépriser à ce point les proches des victimes ?

 Florilège des habituels commentaires : "c'est bien fait !" ; "Ils l'ont cherché" ; "Ils ont joué avec la mort" ; "Ce sont des suicidaires"... A cela, il faut ajouter les leçons données "la météo était mauvaise" ; "le risque d'avalanche était annoncé". Quand ce n'est pas l'argument de la mise en danger des secouristes.

Tout cela est pitoyable, insupportable !! Le danger est présent partout. L'accident, qu'il soit grave ou bénin est presque toujours le fruit d'une erreur humaine, qu'il soit en montagne, domestique, routier... La montagne n'est pas un cas particulier. 

Alors je lance un message à tous ces donneurs de leçons : la meilleure chose que l'on peut faire dans ce genre de situation, c'est de fermer sa grande gueule !!!

Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse, #nivo-météo, #humeur

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M
Bonjour,<br /> Je viens de lire que la victime de la Dent de Crolles de samedi 2 décembre avait chuté dans le Pas de l'Oeille suite au déclenchement semble-t-il d'un petite plaque à vent.<br /> J'ai immédiatement pensé à toi qui fréquentes assidûment ce coin, j'imagine que ça a dû te stresser encore plus que les autres pratiquants, et que tu dois probablement te poser la question en ton for intérieur : "est-ce que j'y serais allé ce jour-là si je n'avais pas eu d'autre occupation ? est-ce que c'est à moi que ça aurait pu arriver ?"
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L
Salut. Très bonne question effectivement. J'ai plutôt d'abord pensé à savoir qui c'était (à la Dent comme au Petit Som) car chaque année apporte son lot de victimes et parfois/souvent, ce sont des amis. J'ai aussi reçu une avalanche de messages "t'es vivant ?". Evidemment, les questions que tu poses sont les bonnes. Je n'y serais pas allé parce que l'enneigement reste insuffisant et il y a du meilleur ski à faire pas loin mais j'aurais pu. Aurais-je détecté le danger ? Je ne peux pas répondre. En tous cas, personne n'est à l'abri et il est clair que je vais me méfier un peu plus de cet endroit dorénavant (en général je sors plus à droite mais l'endroit est tout aussi dangereux théoriquement). Bien à toi.
M
Les réflexions se rejoignent même si les domaines sont de nature différente : les accidents comme tu l'expliques, qu'ils soient montagne, chasse, vélo, route, ou domestiques (rien que ce dernier, 12 000 morts par an !) sont véhiculés par des illogismes créés par l'homme. Rien que pour la route, fabriquer des voitures qui vont à 250 incite à la vitesse, laquelle offusque une grande majorité des victimes et des associations. Ceux qui s'offusquent ont raison ... et plaideront toujours dans le vide face à une société qui cultive les contradictions. Pour la seconde problématique, la montagne, et particulièrement le ski de rando, puisque celui ci s'est démocratisé, j'apporte la même analyse. Je comprends ceux qui vont mettre leurs spatules et prennent des risques, je comprends aussi ceux qui s'offusquent des dégâts relayés, il est vrai, exagérément par les médias. Ces derniers, effectivement, ne vont pas dire que les accidents de la route sont de la responsabilité des constructeurs qui vendent des voitures rapides. Le principal est de maîtriser son outil.<br /> <br /> Personnellement, justement, je n'ai rien contre les pilotes et les voitures rapides, dès lors que la technique est maîtrisée. Je n'ai rien non plus contre ceux qui prennent des risques, puisque j'en fait partie.<br /> <br /> En revanche, là où je suis réservé, c'est la "publicité" faite ici et là sur les sites. Je l'ai souvent répété, sans être relayé justement - l'être humain étant comme cela, il est persuadé de détenir la vérité - que les sorties publiées ici et là, incitent les faiblement initiés, à aller mettre leurs spatules là où certains tireraient la sonnette d'alarme. <br /> <br /> C'est le danger de ces sites où, lorsqu'il tombe de la neige, tout le monde va partout, tout le temps. Dès lors, le lendemain, ou le surlendemain, il y a des morts. Il y a des morts en montagne, et en ski de rando depuis que le ski existe, il y en aura encore jusqu'à ce que le ski s'arrête. Là où nous pouvons agir, c'est de véhiculer un message d'alerte qui, petit à petit, pourra avoir du sens pour les skieurs de demain. Je pratique le ski de rando depuis 31 ans, et lorsqu'on m'a enseigné la nivologie, la "règle" prioritaire, sachant qu'il n'y a pas de règle univerelle en montagne, est d'attendre au minimum 3 ou 4 jours après une chute, et d'éviter les zones "sous le vent" jusqu'à 1 mois, voire plus, en période hivernale. la période printanière étant différente, mais ça, tu le sais. <br /> <br /> Aussi, les personnes qui sortent maintenant par risque 4 ou 5, n'importe où, car c'est le cas, ça me fait râler. Je ne vais pas aller dire sur internet, qu'ils avaient qu'à réfléchir ... non, mais je trouve dommage que des skieurs se fassent prendre bêtement, alors qu'avec quelques règles de base, et du bon sens qui est de ne pas suivre la "meute", il pourrait y avoir 0 accidents sur tous ces terrains "classiques". Mais pour le coup, dame nature est tolérente, car ds les posts que je vois, je me demande pourquoi il n'y a pas 4 morts par jour ! Pour la haute montagne et le raide, c'est un autre débat.<br /> <br /> Certes, il y a débat de valeurs, entre ceux qui prennent des risques "techniques" comme les pilotes, et les skieurs de pente raide, et ils y a ceux qui prennent des risques objectifs "face à dame nature" en la défiant, conscients ou non. Cela fera peut être sourire, mais je conçois qu'on y passe car on s'engouffre ds un couloir, et pour une raison x ou y, on se casse la gueule, en revanche, j'ai du mal avec tous ces morts qui sont comptabilisés car les personnes n'évaluent sûrement pas le risque pris. Ou alors, pour d'autres (et on peut le lire), se croient "invulnérables" avec arva et sac gonflable ! Et bien personnellement, ça me fait râler. Ceci dit, le wingsuit est autrement plus problématique, et tous ces morts sont aussi dus à une "surenchère" médiatique. Je n'ai pas honte de le dire : j'ai de la compassion pour celles et ceux qui sont morts en pratiquant leur passion avec précision, comme j'ai déjà demandé à ma famille à mes amis, de comprendre la sentence si je meurs de ma passion. En revanche, si je fais le con sur une moto à 250 un dimanche après midi, je mets cela sur le même plan, que d'aller par risque 5 dans une combe de Belledonne, je comprendrais que certains me pointent du doigt.<br /> <br /> Le gars qui roule très vite le dimanche après midi ne maîtrise rien du tout, et engage la vie d'autres personnes. C'est le même cas pour tous ces randonneurs qui s'entassent après une chute de neige. Le pilote ou l'alpiniste, ou le skieur de pente raide, évalue, prends des risques, mais au final, n'est pas tant que ça sur le fil du rasoir ...<br /> <br /> Bref, une petite pensée ...<br /> <br /> "Il est préférable de vivre sa passion, plutôt que de souffrir de ses émotions ..." ... à méditer, tout en pensant que le net est devenu impitoyable et incontrolable, où se cotoyent passionnés, aigris, enfonceurs de portes ouvertes, jaloux, critiqueurs, rêveurs, artistes, sportifs, aventuriers, intellectuels, hommes et femmes, jeunes et vieux, néophytes ou confirmés ... ça donne forcément un cocktail explosif ! Je pense que de partager notre expérience et nos connaissances, est gage de réussite
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D
La Dent de Crolles n'était pas un choix optimal pour samedi. La visibilité n'était pas bonne. Un fort vent du nord soufflait la neige sur les versants sud. Un parcours raid et exposé, sujette aux purges et aux plaques. Nous ne connaissons pas les causes exactes de l'accident. Cependant, nous devons nous rappeler que cela a conduit deux gendarmes à passer la plus grande partie de la nuit à fouiller le secteur à leurs propres risques et périls.
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T
+1.<br /> Intolérable...
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P
Entièrement d'accord. Frileux, donneurs de leçons, amers et procureurs d'opérette gardez donc le silence.
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