"On a été des voleurs !"
Publié le 22 Janvier 2015
Après le ratage de la veille, je suis bien décidé à exploiter ce jeudi après-midi avec David, de passage depuis la Vendée mais toujours motivé pour une belle sortie. On opte pour les Préalpes qui commencent à être correctement enneigées et un circuit autour du Charmant Som. On prend le matériel minimum (ni piolet, ni crampons) et un bout de cordelette au cas où.
Départ des Cottaves. Pas une trace, surprenant après la belle journée de la veille. Je m'y colle. Parlant de colle, ça commence à coller sur ce versant sud-est avec le soleil. 50 cm de profonde. Ca brasse. 14h au sommet du Charmant Som, c'est pas si mal compte-tenu des conditions. On s'équipe et go dans la combe nord-ouest. Nouvelle surprise : pas une trace !
C'est un véritable festival. C'est la première fois qu'on peut lâcher les chevaux cette saison.
La poudre vole à chaque virage.
Dire que l'on est à peine entre 1800 et 1500 m d'altitude. Quel massif peut rivaliser avec les Préalpes en ambiance à des altitudes aussi basses ?
On arrive très vite sur le replat sous le pré Bâtard.
Remise des peaux et on poursuis vers le nord. On arrive en haut de la combe de l'If.
La corniche est déjà impressionante. Pas de matos pour rentrer à pied mais la corde.
Petit rappel et hop c'est parti.
Après un départ correct mais bien étroit, on arrive vite sur des dalles insuffisament enneigées. Il nous faut bricoler sans se précipiter ; il y a quand même de la pente. (il faut aussi montrer l'état des seuls 30 m de la course quasi inskiables)
En-dessous, la pente diminue vite et on peut se lâcher. Certes, en pleine saison, on skie mieux depuis le haut mais on n'aurait jamais eu le privilège de tracer intégralement depuis les Cottaves.
On est là pour une immersion sauvage dans un des sommets les plus courus de Chartreuse et c'est bien réussi. Alors peu importe de bricoler un peu en haut du couloir.
Dans le cône qui suit, on risque la noyade tellement il y en a.Retour à l'évidence dans la forêt en-dessous, garnie de gros blocs. Faut rester méfiant ; ce n'est pas encore le gros manteau habituel de la Chartreuse.
On remet les peaux pour gagner le col de la Cochette.
Le sentier de montée est magnifique, tout comme le petit canyon final, des deux côtés d'ailleurs.
Belle surprise côté Charmette : il y a beaucoup de neige, beaucoup plus qu'au col de Porte et on se laisse glisser sans toucher jusqu'à la route à 1000 m d'altitude où il y a près de 70 cm.
La suite ? La remontée au col de la Charmette : 3 km à tracer dans la profonde sur 250 m de dénivelé. Pas loin d'une heure. Quelle châlage.
J'arrive bien entamé au col ; la nuit approche elle-aussi.
Et là, une trace providentielle. Certes, on pensait tout tracer de A à Z mais là, on est bien content de la trouver. Elle remonte comme on veut vers Canaple. Bon par contre, les traceurs ne connaissent sans doute pas bien le coin car au moment où la piste part à l'horizontal, il vaut mieux monter dans la forêt au-dessus pour sortir au même endroit (proche de l'Oratoire) car en suivant la piste, même si c'est plus confortable, on doit passer une vingtaine de minutes à tracer sans prendre d'altitude. Etant donné que la nuit est là, on profite quand même de cette trace et si on ne gagnera sans doute pas de temps, on s'économise à coup sûr.
Le croissant de lune nous accompagne jusqu'à l'oratoire où le vent se lève. Quelle ambiance. Dernière descente de 600 m toute à la frontale et à toute vitesse (c'est bien d'avoir quelques lumens "sous le capot"), d'abord par la route puis par l'ancienne piste maintenant suffisamment enneigée et bien tracée.
On appelle ça un hold up ! (dernière image 12800 ISO à main levée)