On n'est pas bien là ?

Publié le 22 Décembre 2015

Prapoutel le 23 décembre 2015. On n'est pas bien là ?

Prapoutel le 23 décembre 2015. On n'est pas bien là ?

La neige fait cruellement défaut à la veille de Noël. Tout ce qu'il en ressort sur les médias, c'est le manque à gagner pour les stations. Et on met en cause le réchauffement climatique. Mais le principal coupable n'est-il pas le libéralisme ? L'absence de neige à cette époque de l'année ne date pas d'aujourd'hui et n'est pas liée au réchauffement climatique. Il y a toujours eu des hivers bizarres : secs, retardataires voire absents et inversement pluvio-neigeux, glaciaux... On constate depuis un demi-siècle une diminution de la durée d'enneigement à moyenne altitude ce qui traduit un réchauffement climatique indiscutable, que l'on soit convaincu ou non de la responsabilité de l'espèce bipédique. Mais si on regarde la haute altitude, l'enneigement n'est pas folichon et simplement alimenté par les chutes de neige de début octobre qui ont résisté jusque là.

Le responsable aujourd'hui, c'est bien la sécheresse de cette année 2015. A titre d'exemple, j'habite à Bernin depuis la fin de l'été 2011. Quatre années glissantes (de l'automne à l'été) qui ont donné les cumuls en eau suivants : 2012 = 996 mm ; 2013 : 1402 mm ; 2014 : 1317 mm ; 2015 : 795 mm. En notant que la moyenne annuelle tourne autour des 1000 mm. Une année normale, deux années excédentaires, une année déficitaire. Il faudrait remonter plus loin pour faire des statistiques. De mémoire (et de notes personnelles), je considère selon le critère "ski", avoir bénéficié dans le Dauphiné (même si je ne l'ai pas fréquenté aussi assidument entre 1990 et 2003 durant mes exils sudistes) de dix-neuf bons à très bons hivers sur vingt-cinq soit plus de trois sur quatre.

Dans les années 80, je me souviens de gros enneigement en ville et des batailles de boules de neige à n'en plus finir alors que j'habitais Echirolles. Des hiver comme on en a encore vu récemment (2005, 2006, 2010, 2013). Et pourtant, on ne skiait pas forcément avant Noël. Aujourd'hui, on skie sur les cailloux et dans l'ombre dès les premiers flocons de novembre et les stations se préparent à qui ouvrira le premier. Le système concurrentiel et "moutonisant" dans lequel nous vivons est au moins autant responsable de la crise des stations que les hivers en retard. Car à vouloir ouvrir le plus tôt possible, on "impose" aux autres d'essayer d'en faire de même et comme notre société fonctionne aussi beaucoup sur l'image (moi j'ai skié et pas toi ; t'as vu mes nouveaux Salomon ?), chacun veut en profiter le plus tôt possible. Et au mois de mars, c'est la saturation. Plus envie. Alors que pour les familles, la longueur des jours, la qualité de l'enneigement, les températures diurnes rendraient l'activité bien plus confortable.

Pipay le 23 décembre 2015. On n'est pas bien là ?

Pipay le 23 décembre 2015. On n'est pas bien là ?

En même temps, s'adapter aux conditions est sans doute la meilleure des choses. Ouvrir le 11 novembre après une chute de neige de soixante centimètres est bien sûr une bonne idée. Là où le bât blesse, c'est de vouloir ouvrir à tout prix quand les conditions n'y sont pas, pour faire comme les autres, pour limiter le manque à gagner. Et en même temps, comment faire autrement ? Il a un marché, un investissement, des emplois...

Ce fonctionnement social et libéral d'aujourd'hui se retourne contre nous. 

Donc, pour ceux qui veulent skier, il y a quand même de quoi faire. D'Isola 2000 à Chamonix.

Concernant les tarifs, il y en a qui s'adaptent, d'autres non. J'ai pris quelques moyens de comparaison sur des domaines qui se ressemblent en terme de superficie (autour d'une centaine de kilomètres de pistes sur le papier). Dans chaque cas, nous avons une ouverture partielle du domaine (une dizaine de pistes). Certaines proposent un forfait au tarif réduit (normal), d'autres non ! Notez la différence (adulte/enfant journée).

- Les Sept-Laux 20/12€

- Orcières-Merlette 23/19€

- Saint-Sorlin-d'Arves 36/32€ (!!!)

- Les Orres 34/28€ (!!)

- Pra-Loup 23/18€

Le constat est sans appel : on n'est pas bien chez nous ? Non seulement, nous avons le meilleur enneigement des cinq domaines skiables précités (même s'il n'y a pas beaucoup de neige, on se sent un minimum en montagne hivernal) mais en plus, un tarif abordable.

Maintenant, la qualité de la neige se dégrade quand même. Chaque jour un petit peu plus. Alors, nous aussi on s'adapte. Après quelques belles sorties avec les filles et des randonnées inespérées de mon côté, on lève le pied. La randonnée pédestre, le rocher... nous attendent.

La pluralité de notre région, sur le plan climatique/paysager/disciplinaire serait une qualité dont on aurait tort de se priver. Avec ou sans neige, en montagne quand il fait beau, on n'est pas bien là ?

On n'est pas bien là ?

Rédigé par lta38

Publié dans #ski-glisse

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
très bel article et plein de bon sens dans tes commentaires, et oui on voudrait nous faire croire que de ne pas pouvoir skier en décembre est hyper rare alors que jusqu'aux années 2000 plusieurs stations n'ouvraient que pour les vacances de Noël et encore pas toutes, neige ou pas neige.
Répondre
L
Merci de ton passage ici. Et joyeux Noël, avec ou sans neige