Enfin le grand ciel bleu.

On prend notre temps et on s'organise. Point d'orgue de notre séjour ici, deux courses de montagne avec bivouac (au demeurant complètement facultatif) histoire de profiter un peu plus de ces hauts lieux et de ne pas avoir à redescendre en vallée pour remonter. Si Jojo est encore équipé "classiquement" (et pour le coup, les températures pourraient lui donner raison), pour ma part, il y a aussi l'envie d'utiliser à leur "juste valeur" les équipements de montagne ultralight : le tapis de sol Thermarest NeoAir xlite (190 g housse comprise), le sac de couchage Valandré Mirage (770 g en taille M)... Tout ce petit matériel est déposé à l'intersection Ecandies / fenêtre d'Arpette où coule un petit ruisseau bienvenu pour refaire le plein d'eau et on prend la direction du Six Carro.

Malheureuement, l'humidité des jours précédents se transforme rapidement en nuages avec le réchauffement et on ne profitera pas d'une journée de grand beau. Ce sera alternance d'éclaircies, brouillard et temps couvert.

Petite déception quand même concernant cette voie. Elle était annoncée partiellement équipée. On avait donc pris le matériel en conséquence : un jeu de câblés et trois friends du 0,75 au 2. Pas grand chose me direz-vous et le problème n'est pas de les avoir portés pour rien (on a dû poser cinq points sur quinze longueurs). Ni même concernant l'erreur d'information concernant l'équipement (en réalité, la voie est quasi toute équipée de plaquettes). Mais j'ai trouvé qu'il était dommage d'avoir fait ce choix. Avec une petite dizaine de plaquettes en plus, on aurait une voie entièrement équipée et on partirait avec douze dégaines. Ou alors, on aurait fait comme dans les voies granit du massif : un ou deux spits par longueur là où l'on ne peut rien mettre et pour baliser la voie et on complète le reste avec des friends (encore mieux). Du coup, c'est une voie qui cherche un peu son identité entre T-A (pardon, il paraît qu'il faut dire "trad" maintenant) et "moderne".

Mais sinon elle est recommandable et d'un niveau plus modéré qu'il n'y paraît. Les rappels (intermédiaires + 2 rappels pour rejoindre le couloir de descente) ne dépassent pas 20-25 m donc corde de 50 m à simple largement suffisante.

J3 val d'Entremont. Pas mieux. C'est complètement bâché. Autant, le premier jour on avait bien tiré notre épingle du jeu autant là, il faut garder le moral car ça commence vraiment à taper sur le système. On tente un tour vers la Fouly où le ciel semble plus clair.

Du coup, retour aux étages inférieurs. On a repéré ces contreforts de la Crevasse où il semble régner une belle ambiance. La voie "mission accomplie" paraît intéressante : 6a ; 6a+ ; 6a ; 6b+ ; 6b ; 6a+

Au final, le soleil vient même caresser la paroi et la voie est vraiment belle. Certains trouveront le rocher péteux ; c'est vrai qu'il y a quelques sections délicates dans ce calcaire particulier, très friable mais essentiellement, ce sont de belles giclées de dalles, des murs raides hyper techniques où les placements de pieds sont indispensables. Avec quelques passages teigneux comme le crux en L4 où il faut serrer une petite réglette pas tant crochetante que ça et fermer le bras.

Un secteur qui mériterait plus de fréquentation (à en croire la sente d'accès peu marquée) car même s'il n'y a que six longueurs, on en a "pour son argent" (ça grimpe tout le long). Corde à double obligatoire cette fois-ci car descente en rappels dans la voie.

Ayant visité la Pierre Avoi la veille finalement, on rechange à nouveau les plans pour le lendemain. Soleil peu probable et orientation ouest de toutes façons ; comme le pluie se remet à tomber en début de nuit, ça sent la loose pour le lenedemain. Inutile d'y retourner.

Direction Praz-de-Fort et nuit en bivouac-Partner pour monter au matin dans le vallon de Saleinaz.

Après trente minutes de marche, il faut se rendre à l'évidence : le site de couennes de la prise d'eau est déjà trempé et au-dessus c'est tout dans les nuages. On fait le point météo et on descend aux étages inférieurs du côté de Sembrancher. On va visiter le site des Trappistes.

On attaque par la classique Vaucher qui est vraiment conseillée et très homogène dans le 6a. On verra ensuite. La voie est effectivement très belle et le rocher excellent. C'est assez "à doigts" avec de bonnes réglettes et même un peu de dévers à grosses prises dans l'ultime longueur en 6b bien tassé avec un réta bien bloc pour sortir.

Ayant oublié de photographier le topo de la descente on se laisse embarquer sur une sente avenante qui rejoint en fait un site de couenne sur le haut de la falaise. En-dessous, on trouve que la sente est moins marquée (normal, il n'y en a pas). On poursuit, poursuit... Vous savez très bien comment ça se termine. Une fois assez bas, pas envie de remonter dans le bousier donc on persisite. Des barres, quelques désescalades, de la broussaille... et ça passe avec un peu plus de temps que par le sentier normal. Du coup, il est déjà presque seize heures. La flemme, la faim, et tout ça... Ce sera tout pour aujourd'hui. Petite journée mais une jolie petite voie et on a quand même grimpé ce qui n'était pas gagné au réveil.

On a sauvé la journée avec l'escalade de 10-14h ; aussi on commence à programmer la suivante étant donné que le brouillard et la pluie sont au programme pour cette seconde partie de lundi. Il semble y avoir un créneau du matin ; aussi on va s'installer pour dormir du côté de Verbier pour aller visiter la Pierre Avoi, monolithe dominant fièrement la vallée du Rhône.

Arrivés au parking en plein froid et plein brouillard on aperçoit une (belle) trouée au-dessus de notre tête et d'un seul coup, tout se dégage ("tout" étant très relatif). La face étant exposée à l'ouest, on part sur les chapeaux de roues pour une escalade du soir.

Au R2, je me trompe et rejoins le relais des "edelweiss". C'est une voie un peu plus facile mais équipée assez bizarement avec des pas surprotégés et des départs de relais hyper expos avec des risques de chute sur vire allant jusqu'à 10-15 mètres ! La pluie s'invite à nouveau ; il faut donc s'appliquer d'autant plus avec cet équipement. Et avec notre corde à simple, ça sent la galère en cas de retraite (ok, on est joueurs).

(Petite) semaine de grimpe prévu avec Jojo dans le val d'Entremont. La météo s'annonce délicate mais pour des raisons de logistique, on reste sur la même destination. A notre arrivée, le brouillard domine et tout est trempé.

On tente quand même une escalade de proximité en visitant les rochers de la Dyure sur les contreforts du Catogne. Heureusement que la voie est nettoyée car tout autour ce n'est que ruissellements et mousses trempées. On aura le droit à quelques passages bien glissants mais avec cet équipement béton, on peut s'y risquer sans trop de... risques y compris avec une corde à simple obligeant (enfin, on peut toujours descendre mais c'est moins simple) à sortir par le haut (la descente classique se fait à pied).

"De long en large" fait sept longueurs, cotation (généreuse à part L1) 6a homogène.