C'est pas nous, c'est pas nous ! Le "vrai" loup ne nous effraie nullement. "Le grand méchant loup" des Trois Dames non plus. Mais de quoi parle-t-il se dit peut-être l'internaute ?A en voir le casque posé sur le sac à dos de Candice, les choses commencent à s'éclaircir. S'agirait-il encore d'escalade ?
De face, plus de doute avec la corde. Il s'agit bien de grimpe et c'est vers le massif de Belledonne que nous nous dirigeons, plus précisément dans sa partie nord où justement, le loup est réapparu depuis maintenant plus de 15 ans, faisant la une des journaux en 2000 lorsqu'on l'avait retrouvé pendu à une corde (était-ce une corde d'escalade ?) devant le Casino d'Allevard.
Mais revenons à nous moutons (pas ceux que le loup convoite). Pour aller à la face sud des Trois Dames, sommet satellite des Grands Moulins, l'approche normale se fait par la Maurienne. Mais une étude de la carte nous montre que ce n'est pas plus long depuis le Grésivaudan et que le retour si l'on fait la traversée des arêtes est même plus rapide. Alors, comme en plus, on gagne du temps, des kilomètres et qu'on évite le péage de l'autoroute de la Maurienne, on n'hésite pas une seconde. 1h30 après être partis et avoir franchi le col de la Frêche, l'objectif se dévoile enfin.
Après une première longueur facile (5a), on entre dans le vif du sujet. Candice se colle au pas de 7a dans lequel le beau granit de cette partie du massif n'est pas sans rappeler celui de la tête de la Maye en Oisans. Le vide se creuse peu à peu dans L3 (5c au lieu du 6a annoncé à notre goût). Manu Pellissier qui a ouvert cette voie nommée "le grand méchant loup" avec Julien Rofforino il y a à peine un mois (serait-ce la première répétition ?) est un fort grimpeur de la Maurienne. Pourtant, nous aurons tendance à descendre d'un cran chaque cotation annoncée sur le papier relayé par Xavier Dorel sur son site Belledonne38.
En arrivant au R3, la vue devient vraiment dégagée sur le petit ensemble du pic du Frêne, un des hauts sommets du massif. Dans L4, là encore, nous pensons que la longueur ne vaut "que" 6a+, voire peut-être même 6a au lieu du 6b annoncé. Le granit reste très bon la plupart du temps mais attention à quelques feuillets fragiles. En second, deux me partiront sous les pieds.
L5 est annoncée 6c. Je pense que ça va envoyer dans le gros mur rouge finalement, ça enchaîne bien et ce n'est sans doute "qu"'un bon 6b. c'est en tous cas le plus beau passage de la voie, légèrement déversant mais avec toujours de bonnes prises si on se place bien.
Ici les longueurs sont surtout exigeantes par leur longueur, très dans le style de l'ouvreur. Certaines font 50 m, rarement moins de 40 m. Aussi, si sur le papier il n'y a "que" six longueurs, la voie fait 250 m pile poil et c'est aussi long qu'une grande voie à Presles dans laquelle on aurait 10 ou 12 relais.L'ultime longueur est facile (5a) mais ne comporte que 3 points. Si l'équipement est béton dans le 5c et au-delà, il faut s'attendre à engager quand c'est facile. Ici, on n'est pas en école d'escalade. Cette voie se mérite, bien qu'elle ne soit pas très difficile, pas très soutenue.
On termine par la traversée des arêtes : une toute petite heure à cheminer sur du rocher un peu délicat et des pentes herbeuses mais jamais difficile (3b max) et avec un rappel de 25 m. Tout ça se fait bien à corde tendue jusqu'aux sommet des Grands Moulins où le brouillard nous rattrape. Et c'est tant mieux car on évitera toute chaleur sur le chemin du retour, bien qu'on ne dédaignera le point d'eau du chalet de la Perrière pour refaire le plein.
En résumé, une jolie petite course de montagne dans une ambiance sauvage qui redonne de l'intérêt à cette activité dans le nord du massif. Merci aux ouvreurs.