Bien envie d'aller faire un petit 3000 (de déniv') à skis malgré ces températures chaudes. Nico est partant pour sortir mais tout aussi fatigué que moi (deux jours de boulot de nuit pour lui, gros manque de sommeil pour bibi depuis plusieurs semaines) ; aussi, il ne veut pas partir trop tôt. rendez-vous est donné vers 11h au niveau du lac Blanc de la Valloire. Pour ma part, je pars vers 7h sans trop d'objectif, saisi par un fort vent d'est dès la sortie de la forêt. Moi qui croyait faire une balade en conditions estivales, c'est râpé. Mes skis se dirigent vers le col d'Arguille et une petite poudre me laisse imaginer le couloir nord (du rocher d'Arguille, côté 5.3/E3 par MLF lors de l'ouverture en 2007) en bonnes conditions. Cette année, avec l'enneigement, il est très bien rempli et se présente comme une "couenne raide RAS". Malheureusement, je déchante assez vite en raison d'une neige de plus en plus dense recouverte d'une croûte glacée qui, si elle cassera sous les skis à la descente, rendra la descente assez inconfortable. N'étant plus du tout dans un esprit de cocher pour cocher, je renonce au bénéfice d'une excellente neige transformée dans le petit couloir est beaucoup plus humain (4.1/E2). Du sommet, j'aperçois un skieur en rouge au niveau du lac Blanc. c'est sans doute Nico qui a près de trois-quarts d'heure d'avance. Du coup, plutôt que de remonter skier la face sud de la Grande Valloire, je descends le rejoindre. Après avoir remis les peaux, la jonction se fait au niveau du lac Noir. j'ai déjà presque 2000 m dans les pattes et suis dans un état comateux. Si j'étais seul, je rentrerais. Compte tenu de l'heure, le couloir ouest du rocher Gris (jamais skié à notre connaissance et convoitise du jour) est encore tout à l'ombre. Assurément, il ne dégèlera pas avant 14h et il est à peine 11h. Du coup, on va faire un tour sur les crêtes de l'Eglise. J'ai envie de dormir et laisse Nico partir mais finalement, un peu en mode "pilotage automatique", je le rejoins et nous finissons ensemble.
Midi, nous voilà au pied du morceau du jour. Trois-cents-cinquante mètres de couloir à remonter, avec une profonde goulotte centrale. A la montée, nous la traversons par deux fois ce qui laisse augurer des manips' à la descente. Petite pause au sommet mais je ne me sens vraiment pas bien. Au moment je descendre, je me résigne à laisser Nico être probablement le premier skieur à skier cette pente (5.2/E2). Résigné mais sans la moindre déception. On n'est pas à une descente près. D'autant que celle-ci réserve aujourd'hui du ski technique où il faut rester lucide. Je suis content, bien qu'ayant repéré cet itinéraire, que ce soit Nico qui le descende même sans moi. De mon côté, je réussirai quand même à me mettre taquet en sous-estimant la raideur d'une contre-pente sur-raide en neige dure (plus de 55 degrés en raison d'une accumulation) dans l'échappatoire réputée plus facile. Le "métier" me permet de m'en sortir par une manip' délicate mais fiable, les bâtons plantés à l'envers jusqu'à la garde. Au final, c'est peut-être quand même 5.1/E3 cette sur-couenne !!!
3000 au compteur, moitié endormi, y a plus qu'à se laisser glisser jusqu'aux baskets déposées à 1500 m, sans se casser une jambe dans de la neige ultra pourrie. Pas la sortie de l'année mais j'ai fait un peu de volume et pris le soleil et le vent. Et fait un peu d'alpinisme : toujours un plaisir de remonter ces pentes en neige avec deux petits piolets. Et bravo à Nico pour cette descente.
Edit : après informations, c'est mon ami Justin Audenino qui a réalisé la première connue en mars 2013. Son compte-rendu m'avait complètement échappé. Toutes mes excuses auprès de lui et aux lecteurs trompés même si tout ça n'a pas beaucoup d'importance et n'enlève rien à ma démarche de base qui était d'aller voir un itinéraire sur lequel je n'avais aucune information.
Et du coup, le titre reste d'actualité. Bravo Justin pour cette belle découverte.