Retour en images sur la saison de ski 2006, ma plus belle moisson de pentes raides.
Ca commence dès le 9 novembre (2005) où avec Justin (Audenino), nous faisons une approche en VTT pour aller chercher le couloir nord des dents d'Ambin (5.1/E2) en bonnes conditions de neige malgré un faible remplissage, date oblige.
Il faut ensuite attendre le 14 décembre pour skier un autre couloir, le couloir nord du Rognolet (5.1/E2) dans le massif de la Lauzière avec Nicolas Mossière. Une neige dure et un ressaut obligeant un petit déchaussage. De quoi se mettre dans le bain de cette saison qui s'annonce désormais comme très pentue !
Le 19 décembre, avec Joël Crose et Serge Maraval, nous descendons un joli petit couloir dans les Bauges en superbe neige poudreuse : le couloir est du roc de Poyet (4.1/E2) puis, le lendemain, nous rempilons pour la même difficulté dans le coulo i r ouest des Lances de Malissard en Chartreuse, avalé au c oucher du soleil. Troisième jour consécutif avec les deux mêmes auxquels s'associe Daniel Bertholet : le couloir sud-est du Tabor (4.2/E2) dans le massif du Taillefer où nous trouvons une neige dure qui demande de l'attention malgré une pente relativement "modeste".
Le quatrième jour de ces vacances de Noël, c'est avec Lio Allemand et Mickaël Souveton que je fais un beau tour du Taillefer en skiant le petit couloir ouest de la crête de Chantelouve (4.1/E2).
Le passage officiel à l'année 2006 annonce le début des choses sérieuses : avec David Zijp, nous skions le couloir est du pas de la Rousse en Chartreuse (5.1/E2) le 4 janvier en très grosse poudre mais dans le brouillard, après avoir lézardé au sommet et au soleil devant la face ouest du Grand Charnier d'Allevard. Ce magnifique sommet et la plus haute face du massif de Belledonne nous accueillera tous les deux la semaine suivante pour une nouvelle ligne en face ouest que je préparais depuis longtemps : le couloir alors baptisé Charlotte et Dory (5.2/E3) dont je ne peux vous proposer d'image ici ayant, exceptionnellement à cette occasion, emporté mon vieux réflex argentique.
Entre temps (le 8 janvier), avec Olivier DeLylle, Nicolas Cardin et Nicolas Mossière, nous avions pris une véritable bouffée de poudre dans le "facile" couloir nord du clocher des Pères en Belledonne (4.2/E2) et le 13 janvier, c'est avec Serge Maraval qu e nous skions en pleine nuit (de pleine lune), le couloir est du pas Morta (4.1/E2) en excellentes co nditions dans le Vercors.
S'ensuit une seconde quinzaine de janvier de type printanier. Avec Justin (et son surf) et Mick, nous faisons une partie de transfo (le 21 janvier) au couloir sud-est du piquet de Nantes en Matheysine (4.1/E2) puis avec Nicolas Mossière et Serge Maraval, nous ouvrons une nouvelle ligne (le 1 février) au Grand Charnier d'Allevard en skiant la face ouest au départ du sommet sud moyennant un itinéraire complexe et tortueux (5.3/E3) haut de 900 m.
Nous poursuivons les sorties en neige de printemps avec de couloirs de niveau 4 le 2 février dans le massif de la Lauzière du côté du Gros Villan avec une équipe detalent, tant en ski qu'en humour : Nico Cardin, Nico Mossière, Serge Maraval, Manu Le Folgoc. Lors de cette sortie, je m'applique à gravir le véritable sommet et son bloc de granit haut de 2 mètres ! Le 5 février, je skie seul le couloir sud des aiguilles de Lus (5.1/E2) dans le Dévoluy, plus raide (pour une fois) que ce qu'il laisse présager vu d'en-face puis une variante (4.2/E2) du classique Rissiou dans le massif des Grandes Rousses.
C'est alors qu'une très grosse chute de neige s'abat sur le Dauphiné. Chose rare, quelle que soient l'altitude et l'orientation, cette neige tombe sans vent et reste poudreuse. La décade suivante va être mémorable.
Elle commence le 22 avec un couloir de l'Infernet mémorable : de la poudre à ras la gueule dans le coulo ir (5.3/E3) skié avec Nicolas Mossière. Chose rare, l'appareil photo était resté à la maison. Le lendemain, le couloir du Cussambon (quel joli nom !) au Mirantin dans le Beaufortain n'a rien à envier à l'Infernet en terme de raideur mais c'est braucoup plus court (5.2/E2). Cela ne nous empêche pas de nous faire plaisir avec le même Mossière et Olivier Lesbros. Le troisième jour, on fait baisser la tension d'un cran et allant tranquillement avec l'équipe de Philippe Bouvat, Philippe Peyre et Jean-Paul Martin au couloir ouest du Gerbier en Vercors (4.1/E3) où les conditions restent excellentes.
Après une journée de repos, une belle équipe se retrouve à tracer dans une neige de cinéma dans la plus haute face du Dévoluy : la face nord de la tête des Ombres (5.2/E3). Sont présents Hélène Lesbros, Denis Barberot, Olivier Lesbros et Manu LeFolgoc. Un très très grand moment dans le Dévoluy où malgré au ressaut intermédiaire qui nécessitera un court rappel, toute la face sera descendue en grandes courbes.
Avant le retour du mauvais temps, cette fin février se termine en apothéose. Le 27, avec Nicolas Mossière, Manu LeFolgoc et Volodia Shahshahani, nous skions la Ligne de l'Armet Rouge en Matheysine. Cette probable première se déroule dans des conditions bien rares dans ce massif très sensible au vent : un grosse quantité de poudre ultra légère de bas en haut (et de haut en bas !).
Encore une bien belle face expo (une rampe astucieuse permet d'éviter le bas) mais dont l'inclinaison n'est jamais extrême (5.2/E3).
La quinzaine qui suit sera très froide et neigeuse et cette fois, avec du vent.
L'activité sera ralentie mais elle repart aussitôt une fois le beau temps revenu.
D'abord le 15 mars au couloir ouest des Trois Evêchés (Galibier), pas bien raide mais assez long (5.1/E3) avec Béatric Frison, Justin Audenino et son surf, Emmanuel Darlix et David Zijp. Une équipe fort sympathique et une descente décontractée.
Nettement plus sérieux, le raide couloir nord du col du Varo dans les Aravis (5.3/E3), skié en compagnie d'Olivier DeLylle et Nicolas Cardin le 18 mars. Lors de cette descente en excellentes conditions, nous rencontrerons Michel Puissant, skieur-alpinisme expérimenté basé en Haute-Savoie.
Après une période plus calme due surtout à la météo, le mois d'avril va être très riche. Une première sortie de près de 2500 m de dénivelé en Belledonne me permet d'enchaîner le 2 avec Nicolas Mossière, deux couloirs : le nord du pic Couttet (5.1/E2) et la face nord-est de la Grande Lance de Domène (5.2/E4) en excellentes conditions, avant de finir en butant dans la face ouest du pic du Loup (qui sera achevée l'année suivante) pour cause de conditions nivologiques douteuse en ce chaud début d'après-midi.
Le 7, je pars à fond la manettes après une journée de boulot pour rejoindre Yves Piarulli au sommet de cette même Grande Lance de Domène. Nous skiions alors la face nord-ouest (5.3/E3) au soleil couchant. Un souvenir terrible !
Les chutes de neige qui se poursuivent régulièrement en ce début de mois rendent les conditions très bonnes. Il faut en profiter au bon moment qui se produit souvent en fin de journée. C'est ainsi qu'avec Serge Maraval, nous skions le pas de l'Oeille à la dent de Crolles en Chartreuse (4.1/E4) encore en fin de journée le 12 avril.
Le lendemain, les conditions restent très bonnes mais je bosse. Peu importe me voilà parti tardivement pour l'oreille du Loup en Matheysine dont je n'ai encore jamais skié la face nord-est (5.1/E3). Erreur car nous sommes en avril et malgré le froid, le soleil a travaillé la neige le matin et ce soir, le regel commence à faire son œuvre. Peu importe encore, j'attaque la face au soleil couchant sur une neige béton. Je descend à-vue et c'est au prix d'une manip ultra-délicate en piolet ski sur une neige quasi verglacée et dont je passe les détails que je réussis à gagner le couloir final et à sortir des barres rocheuses ceinturant le bas de la face. Le retour (remontée au sommet par le couloir est puis descente de la face ouest) se fait de nuit à la pleine lune face à la chaîne de l'Armet.
Le 17, je pars décidé, n'ayant pas trouvé de compagnon, pour un itinéraire nouveau dans les Ecrins, en face est de Lauranoure. La motivation n'est pas des plus grandes à 4h du mat en arrivant au départ où le regel n'est pas dément. J'hésite puis pars quand même pour ce qui sera la découverte d'un superbe itinéraire skié en neige de printemps (5.1/E4). Deux jours après, avec Hélène Lesbros, Lionel Allemand, Jo Bertoncini et Manu Le Folgoc, nous skions la belle face est du Plaret, très exposée mais dont il n'y a qu'un court passage raide à 50° (5.1/E3).
Le 23 avril, je pars avec Nicolas Cardin pour un circuit qui sera une de mes plus belles réalisations de raide dans les Ecrins.
Nous commençons, après une montée facile par le versant Bonnepierre, par skier à-vue le couloir nord oriental de la brèche de la Somme (5.3/E2), court mais bien raide en haut dont la neige dure mais très bonne, ne permet pas la moindre erreur. Nous enchaînons avec la (première ?) descente du couloir occidental, du style du coup de Sabre (5.4/E2) où l'ambiance est splendide. Le circuit se poursuit par l'ascension de la face nord-est de la Somme (ADinf), absente du topo Labande jusqu'à la tête nord où nous attend la troidième descente de la journée : le couloir sud-ouest (5.1/E3) qui nous ramène à la Bérarde par un superbe vallon dérobé : le colt de la Somme.
Cette moisson de pentes dans les Ecrins s'achève le 26 à la selle supérieure du Flambeau (5.2/E3) avec Manu LeFolgoc, Nicolas Mossière et Yves Piarulli, après avoir laissé tomber le Mayer-Dibona en raison de la goulotte d'accès aux conditions peu attractives.
La fin de cette saison de pleine pente se déroule dans le massif du Mont-Blanc. Cela commence par un week-end prolongé en Haute-Savoie avec Nicolas Cardin. Le 29, acte I dans la face NE des Courtes (5.2/E2) où, malgré des conditions excellentes, nous serons seuls.
Depuis le temps que nous voulions skier cette face mythique, c'est enfin fait et nous ne sommes pas déçus par l'ampleur, ni par la pente (45° de moyenne sur 700 m) et encore moins par l'ambiance et les perspectives fuyantes de cette face large.
Après une nuit en bas, rebelotte le lendemain avec pour objectif un truc plus cool à choisir en fonction de la répartition des cordées. Le rideau nord de la pointe Eales (ou col des Courtes) est vierge et s'avère très attractif, au fond du vallon d'Argentière. Côté 5.1 dans le guide Baud, on se dit que ça va être du gâteau. Effectivement, il sera descendu très vite mais la pente est une des plus raid es que j'ai pu rencontrer de manière soutenue : 50° de moyenne sur 400 mètres ce qui en fait une course porte d'entrée dans le niveau 5.4. Quelle ambiance, et quelle sensatin de skier en apesenteur ! Stressant au moment de poser le premier virage sur une neige ferme mais excellente puis tout s'enchaîne naturellement avec confiance. Il "suffit" de répeter le même geste plusieurs fois de suite.
Des conditions que nous ne retrouverons pas le 17 mai suivant avec le même Nico ainsi que Nico Büsch et David Zijp dans la face nord des dômes de Miage (1000 m de haut, 5.3/E3). Partis de Grenoble à 3h du mat, nous remontons la face (2600 m depuis le parking !) puis la skions dans une neige soit trop dure, soit trop molle. Une bien belle aventure malgré tout même si nous nous arrêtons à 100 m du sommet pour cause de plaque de glace dans la face.
Une semaine plus tard, avec Olivier DeLylle et Nico Cardin, nous nous rendons au couloir des aiguillettes du Tacul, bien raide mais pas très long (5.2/E2). Nous le skions avec la première benne à l'aiguille du Midi.
Le 27 mai, nous revenons tous les 3 dans le massif après un but au couloir nord de Pierre Joseph pour cause de neige glacée en surface. Nous montons dormir au refuge Elisabetta en passant par le col de la Seigne et le lendemain, nous allons à l'aiguille orientale de Tré-la-Tête qui réserve, à près de 4000 m d'altitude, une superbe pente terminale. Pas très raide (4.3/E2) mais esthétique ainsi que toute la suite de la descente sur le chaotique glacier du Petit Mont-Blanc.
Début juin, la chaleur et l'été s'installent. Les skis sont rangés et la saison est close.
Enfin, pas tout à fait. Le 23 août, après plusieurs repérages et un mois d'août très humide, la face nord-ouest de l'aiguille de Bionnassay semble bonne à prendre. Je monte dormir à Tête-Rousse avec le Cardinski et le lendemain, nous réalisons la course. Enfin presque : 100 m sous le sommet, une plaque de glace nous barre la route. Plutôt que de perdre du temps dans de précieuses manips, nous chaussons en pleine pente pour ce qui restera une splendide journée exotique de ski d'été, avec retour en baskets parmi les fleurs et les alpinistes très avares en questions.
J'aurais sans doute l'occasion de revenir sur ce qui a fait qu'à partir de la saison suivante, mon activité pente raide commence à se réduire pour ne devenir qu'occasionnelle en 2009. (cliquer sur les images pour agrandissement)